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452                    ALFRED DE MUSSET.
pire cette phrase à propos de M. Dupaty : connue il avait la
religion du devoir, il eut le culte de la reconnaissance. M. de
Musset a jadis écrit ce fier alexandrin :
       Mon verre nVsl pas grand, mais je bois dans mon verre.

Je lui cetifie que, pour cette fois, ii a bu dans dans le verre de
M. Prudhornme. Son excuse est, d'y avoir bu sciemment. L'af-
fligeant en tout ceci, ce n'es! pas tant la parfaite vanité dès
Académies de plus en plus démontrée, que la précoce déchéance
des poètes, passée à l'état de loi générale et à laquelle pas un
d'entr'eux ne semble vouloir échapper. Conversion, palinodie,
versatilité, quel que soit le nom qu'on lui donne, c'est au fond et
toujours la défaillance de l'âme se traduisant par l'abdication
de l'homme. On met aujourd'hui à penser comme tout le monde
autant de passion, qu'il y a vingt ans, à ne penser comme per-
 sonne. La suprême originalité est de ne plus en avoir, car
 l'originalité est presque tenue pour révolutionnaire. Si encore
 les vicissitudes des convictions attestaient les involontaires vi-
 cissitudes de l'esprit, si cet ondoiement des doctrines menait à
la foi ! mais la pureté des intentions, la droiture du cœur, les
 inquiètes recherches de l'esprit ne sont pour rien dans l'histoire
des variations contemporaines. Le scepticisme demeure ; seu-
lement, pour avoir la paix, il trouve co.mmode de se retrancher
derrière un dogmatisme vulgaire et conventionnel, derrière le
 masque parlementaire. Voilà tout. Arlequin prend un habit de
cérémonie.
   Il est peu de personnes à qui le spectacle des désordres de
ce temps.n'ait arraché, à de certaines heures, quelques excla-
mations contre la liberté d'écrire et même de parler. 11 est de
mode de regretter les antiques prohibitions, l'antique silence,
le privilège du roi pour les livres, et surtout la suppression
absolue des journaux ; mais les personnes qui s'exhalent en re-
grets n'ont point réfléchi à cela, que la multiplicité des journaux,
des livres, le retentissement des chaires et des tribunes engen-
drent un esprit publie cent fois plus exigeant, plus formidable
que toutes les prohibitions des temps passés. 11 se déga^P,