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210 ATHÈNES. le plus propre au siège du gouvernement. Là est le véritable centre delà Grèce; c'est là qu'aboutissent toutes les communi- cations entre TAttique, le Péloponèse et la Roumélie. A cheval sur les deux golfes de Lépante et de Corynthe, la cité nouvelle serait en peu de temps devenue une place commerciale de la plus haute importance. Déplus, on aurait pu dresser sur ces terres libres et incultes un plan digne d'une grande ville. A Athènes, au contraire, une ville existait déjà ; en dressant le tracé de la capitale, il a fallu ménager une foule de petits intérêts préexis- tants; les espaces libres manquaient et l'on n'avait pas d'argent pour les acheter. Aussi, l'on dirait que nul plan n'a présidé à sa construction. De petites rues étroites et tortueuses se croisent en -tous sens, pas une n'est pavée, et la plupart sont d'un aspect misérable; des femmes au sein nu allaitent leurs petits enfants sur le seuil des maisons ; quelques marchands ambulants se pro- mènent, les uns portant dans un grand panier plat des bonbons et des confitures, les autres criant et poussant devant eux un âne chargé de légumes. Deux rues cependant semblent plus ri- ches et plus animées. La première est la rue d'Hermès, qui commence à la route du Pirée et aboutit au palais, grande mai- son carrée bâtie en marbre du Penthélique, mais pour l'archi- tecture de laquelle on ne s'est point inspiré des sublimes modè- les qui sont là tout près. La seconde est la rue d'Eole qui prend naissance à la Tour des Vents et finit à la Promenade. Cette promenade n'est autre chose qu'une grande place nue, sans ar- bre. Le dimanche, la musique militaire vient y jouer, et, à ce moment, les Athéniens s'y rendent en foule, ainsi que les Athé- niennes qui, durant la semaine, ne se montrent jamais dans les rues. Tout le monde arrive pêle-mêle, les uns à cheval, les autres en voiture et la plupart à pied. Le roi et la reine s'y ren- dent fort exactement sans pompe ni étiquette, suivis de quelques soldats.. Ils entendent un morceau de musique, font le tour delà place au galop et regagnent le palais. Après le théâtre et la danse, cette promenade est la plus grande distraction des Athéniens. La ville ne renferme aucun monument moderne ; le palais, une aca- démie, un observatoire sur un rocher voisin du Pnyx, quelques