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                 INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE.                  141
     Je comprends, de reste, que ceci est une satyre des prêtres qui
  osent parler de miracles, ou de prestiges, comme dit le poète ;
  mais le malheur, c'est que nos Écritures elles-mêmes en sont
  pleines, et il en est qui peuvent sembler très-vulgaires à un
  philosophe. Toutefois, ouest le prêtre qui prouve Dieu par l'im-
 posture ? On peut s'assurer que nos prédicateurs ont toujours
  établi l'existence de Dieu par des arguments plus sérieux et plus
 solides. Que la nature et les cieux soient les témoins de leur
 auteur, nous le savons par la parole magnifique du psalmiste :
 cœli enarrant gloriam Dei ; mais que veut dire-M. de Lamartine,
  et qu'est-ce que cette raison de Dieu qui est son prophète?
 Qu'est-ce même que la raison de Dieu? et quel rapport tous ces
 mois accumulés ont-ils, avec l'enseignement quelconque du
 Christianisme, d'une religion révélée ? Contempler les cieux et
 la nature, est-ce là un culte !
    Ah ! le poète l'a dit dans ses premières Confidences -. « L'homme
 est né pour croire , ou pour mourir.... Ne rien croire, c'est ne
rien faire. » Et l'auteur de Jocelyn enseigne ici à ne rien croire.
Je ne parle pas de la Chute d'un Ange , pesant ouvrage où la
poésie de Lamartine a pris un caractère si matériel et si ter-
restre, où le gracieux rêveur des Méditations a laissé parfois ses
ailes plonger dans lahourbe. Ces deux créations d'un homme
que d'autres poésies nous ont habitués à aimer, et dont les œu-
vres sont si répandues, n'auront-elles pas les résultats les plus
désastreux?
    M. Alfred de Musset, à qui l'Académie française vient d'ou-
vrir l'enceinte sacrée, est un poète aux allures byroniennes ; il
a, de l'auteur de Don Juan, le scepticisme amer et frondeur ; il
s'en fait gloire, ce qui n'est ni grand, ni héroïque. Écrivain
original et homme d'esprit, il tombe quelquefois , par l'orgueil
de son incrédulité, dans une absurdité sans nom.
    Ainsi, Mardoche, dégoûté de la vie, veut se tuer. Et l'enfer!
lui dit un prêtre :
        L'enfer ! Monsieur, reprit Mardoche, je ne puis
        Répondre là-dessus, n'ayant eu pour nourrice
        Qu'une chèvre.