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         SUR LA VIE ET LES GE13VRËS »tf P. DES BILLONS.                   195

ment que lui offrit l'auteur Ae l'Année littéraire (1), et s'y retira
avec sa bibliothèque, qui était déjà nombreuse. Il porta dans
le monde tout le sérieux de son caractère et la sévérité de ses
mœurs. Il y conserva la modeste simplicité de son état, le même
éloigneraient de toutes les dissipations, la même indifférence
pour les commodités les plus communes de la vie, et la même
régularité de conduite. Les gens de lettres qui fréquentaient la
maison de Fréron, furent charmés d'y trouver un homme de ce
mérite, et recherchaient les occasions de s'entretenir avec lui.
Rien de plus oavert, de plus naïf, de plus gracieux que le com-
merce du P. des Billons. Sa conversation était aisée, ingénieuse,
toujours piquante par la singularité des réflexions. Si on le met-
tait sur quelques points de littérature, il en parlait avec tant de
précision et de jugement, tant de goût et de savoir, qu'on avait
grand plaisir à l'entendre. Quelque part qu'il fût, chez quelques
personnes qu'il se trouvât, il était le défenseur des bonnes
mœurs et de la religion, lorsqu'on les attaquait. Mais il avait un
air de vertu si imposant, qu'il n'arrivait guère qu'on se permît,
en sa présence, des propos libres ou peu religieux.
   Tout ee quefirentses amis pour le distraire et dissiper sa peine,
fut inutile. Il ne pouvait oublier quelle perte il venait de faire,
et rien n'était capable de l'en dédommager. Il ne trouvait de
consolation et d'adoucissement que dans une parfaite soumission
à la Providence. Un nouvel arrêt le jeta dans un nouvel em-
barras. Forcé de quitter Paris, pour se rendre dans sa ville na-
tale, il passa d'abord à Bourges, où ses anciennes connaissances
le reçurent avec de grands témoignages d'estime et d'affection ;
puis ensuite, il alla à Châteauneuf. Les chefs dé sa nombreuse
famille étaient morts, mais il retrouva, dans les enfants, la ten-
dresse des pères, et l'accueil qu'ils lui firent, éveilla toute sa sen-
sibilité. Il se fixa parmi eux, et y vécut dans un calme qui ne

  (1) Le P. des Billons avait publié dans ce recueil une Lettre à M. Fréron.
ou Apologie d'un petit ouvrage du P. Jouvancy, intitulé : Appendix de dits
et heroibus poeticis ; 1764, tom. I , lettre 5 ; tom. II, lettre 6 ; réiinpr. à
Manheim, 1766, in-8.