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                       ESSAI HISTORIQUE, ETC.         |           îtt
cette retraite ait été l'effet du prodige ou simplement de la per-
suasion, il est certain qu'on doit l'attribuer à saint Léon. Or, elle
annonçait que le règne de la puissance matérielle avait cessé, et
qu'une nouvelle puissance, toute morale, toute d'intelligence, al-
lait prendre sa place. Dans ce fait, se révèle tout l'avenir tempo-
rel de la Papauté.
    C'est la première fois, effectivement, que la Papauté se présente
dans l'histoire environnée d'une grande influence sur les pouvoirs
de la terre ; mais, à coup sûr, ce n'est pas la première fois qu'elle
l'exerce. Bien qu'il soit difficile, avant le Ve siècle, de préciser
les feits qui indiquent le progrès de la puissance temporelle des
papes, plusieurs conjectures fondées nous autorisent à penser
qu'à l'époque dont il s'agit, lorsque l'empire d'Occident réclama
 son appui tutélaire contre le roi des Huns, le développement de
cette puissance n'en était pas à son début. Elle s'élevait d'une
manière lente, insensible, comme toutes les choses que leur
 propre énergie, et non la violence des passions, fait mouvoir,
 niais elle s'élevait. Si le fait des persécutions a été, comme tout
 porte à le croire, un fait pour le moins autant politique que re-
 ligieux, il prouve, jusqu'à un certain point, que les premiers
 développements de cette puissance n'échappaient pas aux empe-
 reurs. Pourquoi, en effet, cet acharnement de leur part à pour-
 suivre les évêques de Rome, plutôt que les autres pasteurs de
 l'Eglise ? Un contemporain nous en donne un motif digne de
 remarque : c'est, dit-il, qu'il était plus supportable aux maîtres
 du monde d'entendre dire qu'un compétiteur s'élevait pour leur
 disputer l'empire, que de voir un évoque constitué à Rome (1).
 Si cette parole de saint Cyprien a quelque valeur historique, et
 pourquoi n'en aurait-elle pas? elle montre quelle influence puis-
 sante les pontifes romains exerçaient déjà sur les sujets de
 l'Empire, au IIIe siècle, et au milieu des hostilités sanglantes
 du Paganisme contre l'Eglise, puisque les empereurs apercevaient
 en eux de dangereux émules de leur pouvoir.
   Âmmien Marcellin, au IVe siècle, décrivait ainsi la ponipe qui

   (1) S. Cjrpriaui Epist. IA ad Atdonianum.