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         SUR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ.                   63
cette vieille croyance, que les papes avaient krdroit d'obliger les
princes à être justes, à ne point abuser de leur pouvoir, à faire
fleurir la religion. Cette étrange opposition éclata principalement
en France, où les principes de la nouvelle hérésie avaient été
pourtant si vigoureusement refoulés. Il devint à la mode d'être
Gallican, c'est-à-dire opposé au pape. Les rapports du gouver-
nement du roi très-chrétien avec Rome furent réglés sur les
bases de cette opposition; et, en 1682, Louis XIV fit rédiger, par
toute une assemblée d'évêques, dans le but d'en faire la loi de
l'Etat, des décrets offensants pour l'autorité pontificale. Par une
contradiction vraiment dérisoire, on donna à ces décrets qui ne
proclamaient ni plus ni moins que le despotisme du pouvoir ci-
vil, le nom de Libertés, tout comme on avait donné autrefois
le nom de Réforme au renversement de tous les principes du
christianisme. Que Rome recueillit bien alors le fruit de ses sa-
crifices! Elle n'avait plus chez elle depuis longtemps la moindre
tendance à une juridiction temporelle quelconque pour justifier
les inqualifiables précautions du grand roi, et Innocent XI put à
son aise foudroyer un décret qui était sans portée, parce qu'il
était sans but.
   Mais le gallicanisme lui a survécu et s'inspire encore de ses arti-
cles. Le gallicanisme, malgré les grands qui le patronnent, n'est
qu'une pure émanation du protestantisme et une insigne décep-
tion pour les peuples. C'est de toutes les opinions qui ne sont
pas à l'état d'erreur constatée, la plus blessante pour l'Eglise ;
c'est une protestation contre son autorité ; c'est la courtisanerie
élevée en dogme théologique. Du reste, son histoire est aussi hon-
teuse que ses vues sont étroites. Quel est le but du gallicanisme et
que se propose-t-il ? Persuader au monde que la suprématie pon-
tificale serait nuisible aux sociétés? Mais ses écrivains les plus
renommés confessent que cette suprématie, à l'époque où les
papes en usèrent, fut nécessaire et bienfaisante ! quelle contra-
diction ? Pense-t-il, en affranchissant les potentats du contrôle
ecclésiastique, les rendre plus vénérables ? Eh quoi ! depuis que
la majesté de la tiare ne domine plus les couronnes, celles-ci en
sont-elles devenues plus imposantes ? Depuis que les rois ne relè-