page suivante »
A. BRISEUX. 131 Dans les touffes de buis de son meurtre souillés, Lui, si conteat de vivre, il mourut à mes pieds. Ali ! d'un bon mouvement qui passe sur noire âme Pourquoi rougir ? la honte est au railleur qui blâme. Oui, sur ce chanteur mort pour mon plaisir d'enfant, Mon cœur, à moi chanteur, s'attendrit bien souvent. Frère ailé, sur ton corps je versai quelques larmes. Pensif et m'accusant, je déposai mes armes. Ton sang n'est point perdu. Nul ne m'a vu depuis Rougir l'herbe des prés et profaner les buis. J'eus pitié des oiseaux et j'ai pilié des hommes. Pauvret, tu m'as fait doux au dur siècle où nous sommes. Le succès de Primel et Nota, déjà fait parmi les poètes, s'é- tendra-t-il dans le public devenu si peu perméable à la vraie poésie. Nous l'espérons, si les plus estimables qualités morales peuvent venir en aide à une belle œuvre d'imagination. Dans notre temps de dévergondage et de mercantilisme littéraire, M. Briseux a respecté sa plume jusqu'au scrupule. îl a eu le courage de n'être qu'un poète à une époque où les poètes n'ar- rivent au succès que par des voies étrangères à la poésie. Si l'Académie, qui vient d'élire enfin M. Alfred de Musset, con- sent de nouveau à ouvrir ses portes à la poésie pour elle-même, M. Briseux nous paraît un candidat tout désigné. L'Académie a beaucoup à réparer vis-à -vis de la poésie ; elle a laissé péné- trer , il est vrai, nos plus éminents poètes modernes, mais en leur donnant bien clairement à entendre qu'elle ne leur par- donnait leur poésie que parce qu'elle voulait l'oublier. Il n'est pas prouvé pour nous, par exemple, que l'Académie se doute qu'elle possède dans M. Sainte-Beuve, avec le plus éminent critique de notre littérature, un de nos poètes les plus nourris de sentiment, d'études du cœur, un des plus savants dans la fprme. poétique. Le bon accueil et toutes les politesses de bien venue sont réservées dans le sanctuaire des lettres pour les can„ didats de la chaire universitaire, de la tribune politique ou du vaudeville. Un cortège de lourdes remontrances attend les poè- tes sur le seuil. Quand l'auteur à 'Eloa et de tant d'autres déli—