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190                     NOTICE HISTORIQUE
à la lecture des anciens auteurs, grecs et latins, qui ont été et
qui seront toujours des modèles §t des sources de bon goût.
Il ne se contenta pas de les lire, de les approfondir ; il chercha
à les imiter dans les différentes compositions qu'il fit pour lui
et pour ses écoliers. Il s'attacha surtout à bien saisir l'esprit
et le style de Térence et de Phèdre, pour lesquels il avait un
attrait particulier, et ses fables prouvent qu'il sut réussir à
ce qu'il avait tenté.
    Après avoir enseigné pendant cinq ans les basses classes, avoir
professé ensuite la rhétorique à Nevers et à Caen, il se rendit à
Paris, pour y faire une troisième année de philosophie, puis
quatre ans de théologie, pendant lesquels il fut élevé à la prê-
trise. Comme il ne se destinait pas à professer un jour ces
hautes sciences, quoiqu'il eût les qualités nécessaires pour le
faire avec honneur, il se borna à en savoir ce qu'un homme
de son état devait ne pas ignorer. Son penchant dominant
l'emportait vers les belles - lettres ; il s'y remit, dès que sa
théologie fut achevée, et enseigna encore pendant plusieurs
 années la rhétorique à la Flèche et à Bourges avec une distinction
 si marquée qu'on lui proposa la même classe au collège Louis-
le-Grand. Ce théâtre était digne de lui, et il avait ce qu'il fal-
lait pour y paraître avec applaudissement. Mais comme il avait
la vue fort courte, il craignit que ce défaut ne l'empêchât de
 contenir dans le bon ordre des écoliers plus difficiles à conduire
 que ceux qu'il avait eus jusqu'alors. Sur le refus qu'il fit d'un
 poste si honorable, il fut nommé professeur de théologie positive à
Bourges. Les recherches et les commentaires qu'il a faits sur
 les auteurs profanes, prouvent qu'il aurait excellé dans l'expli-
 cation de l'Écriture sainte, s'il s'y était appliqué. Mais ce n'était
 plus le temps où l'on venait écouter les savantes leçons du docte
 Maldonat. Cette école, si fréquentée jadis, était entièrement aban-
 donnée. Le P. des Billons racontait lui-même, du ton le plus
 plaisant, qu'il n'avait été qu'un jour professeur, qu'il n'avait
 expliqué qu'une seule leçon, qu'il n'avait eu qu'un seul auditeur,
 et une seule fois. On n'avait pas espéré que le P. des Billons
 rendrait à cette chaire son ancienne célébrité; on voulait seule-