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                                 NÉCROLOGIE,                                 239
 une lettre admirable annonçant en ces termes l'intention d'enrichir l'un de
 nos établissements d'une collection de gravures :
    « Puisque la bibliothèque du Palais-des-Arts est destinée à l'instrnction
 des élèves de l'école de peinture placée dans ce palais, ayant reçu moi-même
les éléments de ces arts dans l'école qui, la première établie à Lyon, a servi
de base fondamentale à celle qui depuis lors a pris un si brillant essor ; vou-
lant laisser un souvenir de reconnaissance du bonheur que cet art a jeté
sur ma vie, je crois ne pouvoir mieux faire que de destiner aux élèves de
cette école les ouvrages qui ont guidé mes premiers pas dans la carrière. »
   Quelques jours plus tard, l'auteur de la lettre, un vieillard vénérable hono-
rait de sa visite la Bibliothèque du Palais-des-Arts, Faible et chancelant sous
la maladie qui le menait visiblement au tombeau , il n'avait voulu abandon-
ner à personne le soin de conduire à leur destination ces richesses qu'il avait
tant aimées; il avait rassemblé ses forces défaillantes pour veiller lui-même
à l'accomplissement de ses généreuses volontés. La bibliothèque entraiten
possession de ce legs anticipé , précieux par lui-même, plus précieux encore
par les souvenirs et les circonstances touchantes qui s'y rattachent.
   Ce digne vieillard était Fleury Richard.
   D'autres, Messieurs, vous ont retracé sa carrière si honorablement belle,
et vous ont rappelé ses titres à la juste renommée dont brille son nom parmi
ceux des peintres qui ont le mieux illustré l'école lyonnaise. Un talent digne
 de lui élèvera sans doute à sa mémoire un monument proportionné à son mé-
rite comme peintre ; j'ai voulu seulement vous parler de l'homme de bien en
vous faisant connaître ce trait qui couronne si noblement la vie de celui dont
les arts et l'amitié déplorent ici la perte.
   Vos intentions seront fidèlement exécutées , Richard. Ces éléments d'ins-
truction que vous aviez réunis avec tant de soin et qui sont toute l'histoire des
phases de votre talent justement admiré, ne seront pas seulement un guide utile
pour ceux auxquels votre sollicitude les destine, mais, religieusement conser-
vés , ils resteront comme un monument de votre amour pour votre ville na-
tale ; ils rappelleront toujours que vous fûtes et un grand artiste et un bon
citoyen.
   Adieu, Richard !
   Au nom de la ville , au nom de l'Ecole des Beaux-Arts , recevez ce témoi-
gnage de suprême reconnaissance ! Adieu !

   M. Guimet, président de l'Académie :
  Après les paroles si bien senties que vous venez d'entendre , je me pré-
sente au nom de l'Académie de Lyon pour exprimer la douleur que nous res-