Revue du Lyonnais » série 2 - n°4 ( 1852 ) » pp.068

68                 EXPOSITION DE 1851-1852.
les jolies choses, mais , M. Dubuffe, ne touchez pas à Dieu !
   Dans son Saint Sébastien, M. Bellet Dupoizat nous a rapporté
d'Italie ses souvenirs de l'Ecole vénitienne. Il y a, dans Ja partie
supérieure de ce tableau une charmante tête de femme, couron-
née d'une de ces chevelures blondes , comme les aimaient les
maîtres favoris du jeune peintre. Qu'il se dépouille de l'esprit
d'imitation et aborde le Salon prochain avec des allures libres
et personnelles.
                                III.

   Les tableaux religieux sont rares en ce temps, bien que les
peintres traitent assez volontiers des sujets religieux. Dieu esttrop
grand pour nous en nos jours de scepticisme où la foi n'étreint
pas assez l'àme pour la porter vers les sublimes inspirations
qui viennent du ciel. Le véritable héros de la peinture moderne,
c'est l'homme. L'homme envisagé dans la vie intime et familière,
dans ses passions, dans le pittoresque de ses dehors, est le sujet
des toiles innombrables et souvent pleines de mérite qu'on ap-
pelle tableaux de genre.
   L'auteur des Exilés de Tibère, M. Barrias^ nous a envoyé
un charmant sujet et une toile charmante. Une jeune napoli-
taine cueille un raisin pour un petit enfant qu'elle tient de son
bras gauche. Les grâces de la femme et les joies de la mère
embellissent un visage déjà beau de lui-même. Les lignes sont
simples et grandes. La tête forte, comme celle des Italiennes,
n'en est pas moins délicate et nerveuse. Nouée à un bras fin,
la main droite détache le fruit avec une élégance inapprise.
Pour l'enfant, avide sans grimace, il regarde le raisin, et vers
lui tend son petit bras. La scène se déroule sur une blanche ter-
rasse, au milieu d'un ciel bleu chargé de nuages.
   Le dessin est pur, la couleur chaude et solide, et, n'était le
disgracieux des vêtements, nous ne savons ce qu'on pourrait re-
procher à cet excellent tableau.
   11 en est qui cherchent la beauté dans lé pittoresque, la lu-
mière et la couleur. A leur tête M. Adolphe Leleux. Témoin
l'ébauche des Bergers pyrénéens. Tous les personnages sont sa-