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I/ATTIQUE. 435 avec un étranger et me pressait de nombreuses questions, qu'il n'interrompait que pour faire quelque niche à un espèce d'idiot attaché au monastère, qui était venu là pour ramasser nos miettes. Dans la cour voisine, j'apercevais la porte de la chapelle, ornée de vieilles fresques, un long cloître,étroit et sombre à l'entrée duquel coulait sans cesse, dans un grossier bassin, une eau fraîche et limpide, et le cimetière planté de cyprès à l'ombre desquels quelques religieux venaient se promener tranquil- lement , sans paraître s'abandonner à de trop amères réflexions ni à de trop sombres méditations, en foulant la tombe qui re- couvre leurs frères et celle qui les attend. Devant le monastère, s'étend une verte pelouse entourée de grands peupliers. Le roi et la reine, sans suite, sans étiquette, y viennent faire de temps à autre un repas champêtre, assis sur l'herbe et ne de- mandant qu'à trouver l'oubli du pouvoir et des souvenirs de leur patrie d'où les exile la grande et noble mission dont ils se sont chargés, celle de recommencer un peuple. Sur la route qui conduit à Athènes, distant d'environ deux heures, je vis avec surprise une élégante maison de campagne, déserte quoiqu'inachevée, et avec ce nom inscrit sur la porte : Plaisance. Je Croyais voir une de ces villas qui couvrent les abords de nos grandes villes. Elle appartient à Mme la duchesse de P...., vieille femme originale établie en Grèce depuis vingt- cinq ans, et s'y faisant remarquer par l'excentricité de ses ha- bitudes, sa haine pour l'institution du mariage, sa passion poul- ies gros chiens, et sa manie de construire partout de charmantes habitations qu'elle n'achève jamais, poursuivie qu'elle est de cette bizarre idée, qu'elle mourra le jour où elle en achèvera une seule. Je traversai ensuite, sans m'y arrêter, le village de Chalandri où l'on remarque une fontaine, fort simple du reste, élevée par la même duchesse de P.-.., avec celte inscription: zxis •£