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HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 185 « Cette circonstance obligea l'année française à renoncer aux fruits des deux victoires où elle avait, avec tant de gloire , battu des troupes de beau- coup supérieures en nombre et les armées du continent. « Cependant, l'ennemi ne tarde pas à apprendre que la plus grande partie dé l'armée avait évacué Leipsick.... Il attaqua vivement le duc de Tarente et le prince Pôniatowski. Il fut plusieurs fois repoussé, et, tout en défendant les faubourgs, notre arrière-garde opéra sa retraite. « L'Empereur avait ordonné au génie de pratiquer des fougasses sur le grand pont qui est entre Leipsick et Lindenau... Le général Dulauloy avait chargé le colonel Monfort de cette opération. Ce colonel, au lieu de rester sur les lieux pour la diriger et donner le signal, ordonna à un caponal et à quatre sapeurs de faire sauter le pont, aussitôt que l'ennemi se présenterait. Le ca- poral, homme sans intelligence et comprenant mal sa mission, entendant les premiers coups de fusil tirés des remparts mit le feu aux fougasses et fit sauter le pont. Une partie de l'armée était encore de l'autre côté avec un parc de 80 bouches à feu et de quelques centaines de voitures. « La tête de cette partie de l'armée qui arrivait au pont le voyant sauter, crut qu'il était au pouvoir de l'ennemi.... Ces malheureux se débandèrent et cherchèrent à se sauver... « On ne peut encore évaluer les pertes occasionnées par ce malheureux événement, mais on les porte par approximation à 12,000 hommes et à plu- sieurs centaines de voitures. Les désordres qu'il a portés dans l'armée ont changé la situation des choses, cl V armée française, victorieuse, arrive à Erfurt comme y arriverait une armée battue. >• Ce bulletin était fourni par l'autorité, et les journaux étaient bien tenus de le répéter, mais il eût été plus-simple et plus digne, au lieu de tant parler de victoires, de dire simplement et avec douleur : « 330,000 coalisés ont attaqué 175,000 français, et ces derniers ont succombé. » Le Journal de Lyon et du département du JXhûne avait des abonnés, mais il se vendait aussi dans les rues, et il était obligé de se conformer au goût des lecteurs qui l'achetaient ; il contient donc peu de dissertations scientifiques et littéraires, et, dans la dernière année surtout, ce n'est guère qu'en faveur des théâtres de notre ville qu'il fait trêve, de loin en loin, aux nouvelles du dehors. À. VlNGTRINIER. ( La suite à tin prochain numéro).