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                  HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.                               9
ils seront sauvés. Fut-il jamais de tyran qui osât tenir cet affreux langage?
C'est bien ici le cas de dire que la tyrannie est en raison directe du nombre
de ceux qui l'exercent, et que Néron et Domitien ne furent que des écoliers
eu tyrannie comparés à ceux qui, pour se sauver, voudraient sacrifier beaucoup
de Français. »

   Ces réflexions et quelques autres ayant déplu au gouverne-
ment , Doublier fut arrêté et mis en prison. Les numéros 39,
40 et 41 sont signés : femme Doublier. Du 16 fructidor an VII
au 9 vendémiaire an VIII, le journal est suspendu. Le 9 ven-
démiaire, numéro 42, le journal en reparaissant raconte ainsi
l'incarcération et la mise en liberté de son rédacteur :
   « Après une détention de trente-deux jours aux prisons de cette ville où
la malveillance et la calomnie l'avaient fait jeter, l'éditeur-propriétaire du
journal a été enfin rendu à la liberté, le I e r de ce mois. Il met le plus grand
prix à cet acte de justice, puisqu'il est rendu à sa famille, à ses amis, à ses
lecteurs. Grâces en soient rendues à nos autorités et non à nos représentants
C... e t R . . . auxquels ce citoyen malheureux s'était vainement adressé, et
chez qui il n'avait trouvé que des dieux sourds et, pour ainsi dire de pierre.
II aurait dû, cependant, s'attendre à quelque protection de la part de deux
députés qui n'avaient, disaient-ils, désiré leur, élection à l'auguste assemblée
que pour travailler au bonheur de leurs concitoyens. »

   L'arrivée du général Bonaparte à Lyon, à son retour d'Egypte,
est annoncée avec enthousiasme par Doublier. Le journaliste
voit dans « cette fête du cœur donnée au principal fondateur
de la liberté, à laquelle toutes les classes ont pris une part sen-
timentale, une réponse assez forte aux calomnies que la perver-
sité vomit sans cesse contre notre ville en l'accusant de roya-
lisme. » Depuis lors, il joint à ses attaques contre les révolu-
tionnaires des louanges pour le général qui doit sauver le pays,
et le 25 brumaire il s'écrie :
    « O Buonaparte, écrase, écrase à jamais ces buveurs du sang humain. Tu
l'as vu cet enthousiasme sacré que Ion retour cause aux braves lyonnais. Dans
le cours de gloire et de bonheur que tu prépares à la patrie n'oublie pas cette
intéressante cité qui t'admire et te chérit ; elle a des droits à la bienfaisance
par ses vertus et ses malheurs. Force-la de déchirer les pages sanglantes de
son histoire... Nous touchons au bonheur, ouvres-en les portes. Le héros qui
ne manqua jamais à la victoire ne trompera pas l'espoir de ceux qu'il a sauvés. »