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                   EXPOSITION DE 1851-1852.                      73
à celui de M. Michel Chevalier sur notre validité, dans ce ta-
bleau comparatif quel rang occuperions-nous ?
   Le portrait, cette prose historique de la peinture, apprendra
à l'avenir si nous fûmes beaux, si nous fûmes grands. 11 est à
craindre que, cruel pour notre génération, il ne dise de nous,
que nous employâmes notre vie à vivre plus qu'à aimer, plus
qu'à penser.
   Les portraits de M. Bonnefond reflètent bien leur époque. Ils
ont la vie, l'éclat, le relief. On a remarqué surtout le portrait de
M. D... puis celui de Mme B., dont la robe est, à elleseulé, un
chef-d'Å“uvre. 11 est presque impossible d'aller plus loin.
   Pourquoi M. Trimolet ne nous a-t-il pas livré ses deux derniers
ouvrages, son portrait et celui de sa femme, deux chefs-d'Å“uvre?
   Rien n'est plus élégant ni mieux ajusté que les portraits de
Mlle Adélaïde Wagner. On pourrait lui reprocher d'avoir trop
laissé à la tailleuse l'anatomie des corps. Les accessoires sont si
vrais, si éclatants qu'ils formeraient à eux seuls un excellent ta-
bleau. A l'âge où les réputations commencent, Mlle A. Wagner
a déjà une réputation faite.
                                V.
   On gagne à quitter les hommes pour les champs, et je remer-
cie M. Simon de me transporter dans les collines de La Mure.
C'est au coucher du soleil. Le ciel est pur, lumineux et doux.
L'ombre enveloppe déjà la colline, et la brunit sans la décolorer.
Au premier plan un berger et ses troupeaux. Rien n'est plus
harmonieux que cette lumière qui s'embellit en fuyant, que cette
terre dans le demi-deuil des belles soirées, que ce troupeau et
que ce berger dans le calme qui précède le repos.
   M. Simon est un nom tout nouveau pour nous. Le profond
sentiment du paysage, la raideur même de quelques-uns de ses
animaux, ses qualités, ses défauts nous donnent à penser qu'il
est jeune encore. Puisse-t-il conserver, comme une virginité
précieuse, l'amour infini de la nature ! 11 fait bien celui qui aime
beaucoup. Et si l'on a pu dire de la poésie que ce n'était que
l'exaltation et la profondeur du sentiment, on le peut, dans de