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 28                          ESSAI HISTORIQUE
  core pour résultat de créer au siège de Rome des sujets dévoués.
 C'était au nom de ce siège que les ouvriers évangéliques se pré-
 sentaient aux peuples ; c'était immédiatement de ce siège qu'ils
 tenaient leurs instructions, leurs pouvoirs ; c'était à ce siège qu'ils
 recouraient sans cesse. La foi qu'ils communiquaient, les lumiè-
 res, la civilisation qui en étaient la suite, émanaient donc de
 Rome ; dès-lors, l'existence des nouveaux convertis, comme ci-
 toyens et commefidèles,se liait étroitement avec Rome. D'ailleurs,
 le nom de Rome, si abaissée que fût cette ville célèbre, portait
 avec lui l'idée de la domination. Les peuples n'avaient pu re-
 noncer à l'habitude de la vénérer, et, la suprématie de la reli-
 gion ayant succédé chez elle à la suzeraineté de la force, ils se
 laissaient aller naturellement à la reconnaître une seconde fois
 pour leur reine.
    Et il fallait bien que quelque chose de semblable eût grandi la
papauté dans l'esprit des nations Rarbares qui peuplaient l'Occi-
 dent, pour que Grégoire II, écrivant à l'empereur Léon l'isaurien,
 dans les premières années du VIIIe siècle, pût menacer ce prince
 de l'irrésistible influence qu'il exerçait sur elles. « Les pontifes
romains, dit-il, sont les arbitres et les modérateurs de la paix
entre l'Occident et l'Orient.... Les yeux des nations se sont fixés
sur notre humilité, et ils nous regardent comme un dieu ter-
restre (1). »
    Ainsi, d'un côté, les éléments spéciaux d'influence que les papes
possédèrent dès le berceau même de l'Eglise, la translation de
l'Empire de Rome à Constantinople et les concessions des em-
pereurs ; de l'autre, le respect des peuples, les services que les
papes leur rendirent, joints aux heureux effets de la conversion
des Barbares, avaient insensiblement jeté les bases de la puissance
pontificale. Deux événements vont maintenant en avancer avec
rapidité la construction.
    Bien que négligée par les maîtres de l'Empire, Rome ne s'était
pas néanmoins séparée de leur fortune. Conquise d'abord par
les Erules, elle avait été depuis momentanément occupée par les
   (1) Episi. Gregorii II ad Leonem lsaui:, ap. LabbelConcitia, I. VII, col. 19
et 22.