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       M. ALFRED DE MUSSET,
                            «   l'ROPOS




DE SA RÉCEPTION A L'ACADÉMIE FRANÇAISE.




   Une séance de réception à l'Académie ressemble toujours par
un certain côté à une cérémonie funèbre; c'est toujours un
mort qui esl le héros de la fête, mais quelquefois il y en a
deux, et il arrive que le nouveau venu prononce non seulement
l'oraison funèbre de celui qu'il remplace, mais aussi la sienne.
11 pleure sur lui-même autant que sur. son devancier. Se con-
sidérant, non sans raison, comme dûment enterré à l'Académie,
il prend soin d'avertir ses collègues que lui aussi revient de la
vie et qu'il n'entend pas troubler la paix élyséenne des ombres
illustres parmi lesquelles il est admis. Tout ce qui pourrait en-
core rappeler sa première existence, il a hâte de s'en dépouiller ;
ses anciens livres, ceux même qui lui ont ouvert les portes
de l'Académie, il ne s'en souvient plus. De poète qu'il fut, il
passe subitement à l'état de larve académique, en vertu d'une
métempsychose à rebours plus facile à constater qu'à expliquer.
   C'est à quoi nous songions, malgré nous, l'autre jour, en
relisant le discours de M. de Musset à l'Académie et la réponse
de M. Nizard. C'était bien M. Dupaty, le célèbre auteur des
 Voitures versées, auquel on rendait les honneurs funèbres. Mais
il n'était pas seul sur le lit de parade. A côté de lui gisait,
couronnée d'ache et de lauriers, M. Alfred de Musset ; par les