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            SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA. PEINTURE.                279
pour une passion violente, et quand ils reviennent de leur er-
reur, lorsqu'ils s'aperçoivent que leurs œuvres ne répondent
pas à leur attente , et qu'ils s'épuisent en efforts superflus, il
n'est plus temps alors de retourner sur leurs pas pour se livrer à
des travaux qui eussent mieux convenus à leurs dispositions
naturelles, et dans lesquels ils eussent obtenu des succès plus
certains. Sachez donc, jeunes artistes, vous arrêter au moment
opportun ; sachez, lorsqu'il en est temps encore, mettre à pro-
fit les premières notions d'un art, que vous pouvez employer
avec succès à différents genres d'industrie.
             Soyez plutôt maçon, si c'est voire talent.
             Ouvrier estimé dans un ail ordinaire ,
             Que peintre du commun.......... !

   Les beaux arts ne souffrent pas la médiocrité; mais, avant
d'avoir compris quel est le but de l'enseignement que vous ve-
nez chercher dans les écoles , vous pensez d'avance que si vous
n'êtes pas assez instruits pour devenir peintres d'histoire, vous
peindrez des tableaux de genre, dont le débit est plus certain et
l'exécution plus facile. Mais il ne faut pas croire, lors même que
vous parviendrez à acquérir la couleur brillante et la touche spi-
rituelle de Teniers, que vos tableaux seraient recherchés si le
choix de vos sujets ne répond pas au goût et à l'esprit des ama-
teurs ? 11 ne suffit pas, aujourd'hui, de peindre des buveurs
dans une taverne, pour acquérir de la gloire et de la fortune.
Cependant, direz-vous, pourquoi met-on un prix si élevé aux
ouvrages des Metzu, des Terburg , des Ostad? c'est, sans doute,
par la perfection incomparable à laquelle ils ont porté le mé-
canisme de l'art. Néanmoins, la plupart de ces maîtres, bien
loin d'avoir joui de l'estime dont on honore aujourd'hui leurs
ouvrages, ont vécu misérablement. Mais comme ils portèrent la
vérité de la couleur et la finesse du pinceau au plus haut degré
de perfection, et que les peintres de l'Ecole française furent tou-
jours peu jaloux de cegenre de mérite, dès le règne de LouisXlV,
les amateurs , en comparant ces deux Ecoles , trouvèrent une
si grande supériorité chez les Hollandais, qu'ils firent venir Ã