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                       CORRESPONDANCE.

    A MONSIEUR LE DIRECTEUR DE LA REVUE DU LYONNAIS.

          MONSIEUR ,

     Je viens de lire dans la Revue du Lyonnais un article fort érudit de M. Col -
lombet, sur l'influence de la littérature de 1830 à 1850. Cet article me per-
met d'expliquer dansquelles limites j'avais cru devoir resserrer mou travail,
e t , si peu intéressante que puisse être cette lettre pour vos lecteurs, j'espère
cependant que vous serez assez bienveillant pour l'insérer dans votre plus
prochain numéro.
     M. Cbllombet dit : « Que je n'ai pas jugé à propos ou que j'ai oublié de
 « parler de la philosophie , qui cependant n'a pas médiocrement coutri-
« bué à égarer les esprits. Il me reproche également de n'avoir pas dit un
» mot de MM. Thiers , Sismondi, etc. -, de n'avoir considéré dans Beranger
« que le eôlé social ; enfin» de ne pas m'étre préoccupé de l'influence qu'a-
 « vait exercée la presse; de sorte que , loin de nommer tous les coupables
 « de cette orgie littéraire, je n'ai pas même nommé tous les chefs. »
   Cela tient à ce que je n'ai pas choisi le sujet de mon ouvrage : il m'était
donné par une Académie, et j'ai cru devoir le traiter dans ses rigoureuses
limites.
   Je n'ai pas abordé la philosophie, parce que c'est un enseignement, et
qu'en en parlant j'aurais été naturellement et forcément conduit à parler
de l'Université, de la déplorable instruction donnée à la jeunesse , des cours
qui sont professés dans les lycées, les écoles, au collège de France, etc., etc.
   Je n'ai pas étudié les œuvres historiques de MM. Thiers et Sismondi,
parce que ces œuvres sont antérieures à 1850. (Bien entendu , il n'est pas
ici question de l'Histoire du Consulat et de l'Empire uon encore achevée ).
  C'est la même raison qui m'a empêché de signaler le côté anti-religieux
des chansons de M. Beranger. Depuis 1850, ce poète u'a écrit que quelques
chansons et leur caractère, entièrement socialiste, a dû seul me préoccuper.
  Quant à la presse, cette arme terrible qui a empêché eu France la consoli-
dation de tous pouvoirs et qui a miné si profondément le principe vital de
toute société , LE RESPECT DE L'AUTORITÉ; quant à la presse , dis je , je n'ai
pas cru devoir la regarder comme étant, à proprement parler, du domaine
do la littérature.
   Resserré dans un cadre étroit, il ne m'a pas été possible , et je l'ai vive-
ment regretté, de citer les mémorables efforts de quelques écrivains qui ont
essayé d'élever une digue au torrent, digue impuissante, hélas! J'eusse voulu
aussi montrer combien l'abaissement littéraire avait suivi de près l'abaissej