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               HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.                  131
 et les vers occupent moins de place que dans le Bulletin de Bal-
lanche ; la politique, les nouvelles de l'Espagne et de l'Allemagne
attirent sérieusement tous les regards ; la position est tellement
tendue que l'on n'ose presque plus se livrer aux travaux de l'in-
telligence, ni même aux jeux de l'esprit en présence du mysté-
rieux avenir dont le pays est menacé.
    Une littérature nouvelle a été brillamment inaugurée par
le Génie du Christianisme et les Martyrs, cependant l'école
sensualiste règne encore, et les recueils publiés par les divers
caveaux nous montrent l'humanité, comme les pourceaux
d'Épicure, uniquement occupée à manger et à boire. Rien ne
la distingue des autres êtres de la création que le privilège de
blasphémer Dieu du milieu des orgies, et de couvrir de raillerie
ce qu'elle devrait respecter.
    Le Journal de Lyon donne quelquefois des exemples de cette
poésie, à la mode alors auprès d'un certain monde ; nous se^
rions fâchés de ne pas en offrir un échantillon :
                    CARILLON BACHIQUE.
                 Et tic, et toc, et tic, et tic,
                   El toc et lie, et toc,
                 Trinquons, trinquons tous en bloc.
                 Vidons jusqu'au dernier broc.
                 Défions-nous, sans tendresse,
                 Des propos d'une maîtresse
                 Qui séduit par ses attraits ;
                 L'amour n'est qu'une folie :
                 N'ayons, pour passer la vie,
                 Du sentiment... qu'au palais.
                   Et tic, et toc, etc.
                 0 "vous qui de la richesse
                 Recherchez une caresse,
                 Écoutez-moi, mes amis :
                 Buvez : le vin de Bourgogue,
                 En vous frappant sur la trogne,
                 Vous chargera de rubis.
                   Et tic et toc, etc.