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                 INFLUENCE DE LA LITTÉRATCRE.                   139
nommé. Nous en indiquerions ainsi quelques autres encore, qui
ont privé l'histoire de ses enseignements naturels, qui l'ont fait
mentir au profit de leurs haines religieuses, ou qui l'ont coura-
geusement transformée tantôt en romans dangereux, tantôt en
pamphlets politiques.
   Les poètes aussi, ces chantres harmonieux dont l'âme devrait
toujours être ouverte du côté du ciel, pour en recevoir les senti-
ments les plus nobles et les plus élevés, et les faire descendre sur
les peuples, se sont fait trop souvent des précepteurs de scepti-
cisme et d'immoralité. Celui qui a réveille chez nous le souvenir de
la grâce nonchalante d'Ânacréon et de la verve polie d'Horace, de
son enthousiasme patriotique , Béranger, n'a pas seulement ca-
ressé les passions et les haines populaires, mais encore il a en-
seigné aux hommes de notre siècle à se rire de Dieu, le verre à
la main, à prendre Jésus-Christ pour un fou, et à estimer que la
chasteté de la femme, c'est-à-dire, de leurs mères, de leurs épou-
ses, de leurs sœurs, de leurs filles, n'est qu'un préjugé ridicule.
Le poète de Lisette et de Frétillon ne rougit pas de faire entrer au
ciel, avec des droits égaux, la sainte sœur de charité et la prosti-
tuée ; il a le courage d'entremêler des mirliton, mirlitaine à la
sombre pensée du jour des morts, et de profaner ainsi tout ce
qu'il y a de plus sacré au ciel et sur la terre. Que Béranger soit
un remarquable et très-remarquable poète, je le veux bien, si la
poésie a son domicile aux lieux infâmes, et si c'est de là que lui
doit venir l'inspiration. Les flatteurs du chansonnier peuvent
annoncer dans leurs réclames, que « ses Œuvres complètes sont
considérées aujourd'hui comme livre de fond, indispensable à
toute bibliothèque (1), » mais je ne vois pas ce que peuvent in-
culquer de mâles vertus au pays ces odes pétries d'impuretés
et d'irréligion froidement railleuse.
   M. Menche n'a considéré dans Béranger que le côté social, et
ce n'est point assez, carie mal que nous signalons est bien plus
dangereux que l'autre.
   Il y a encore de très-honnêtes gens, notre siècle en est plein,

  (i) Le Sifcte^ a; mars   IS5I.