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138 INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE. une partie de la profession de foi du Vicaire savoyard , de ce traité sceptique et raisonneur, où Jean-Jacques a déposé quel- ques nobles pensées, parmi lesquelles chacun choisit ce qu'il veut. Une fois aux prises avec l'enseignement philosophique, M. Menche n'aurait pas eu de peine à en montrer l'inanité par l'in- cohérence et les contradictions des chefs entre eux. Il serait aisé de renouveler, pour nos temps, l'ingénieuse satire, le Diasyrmos qu'Hermias, philosophe chrétien du IIe siècle, imagina contre les philosophes anciens, et où les uns disaient oui, les autres non sur les questions les plus débattues, les plus importantes à l'homme. Je ne voudrais pas adopter la sentence sommaire de Pascal sur la philosophie, mais je dirais volontiers avec Mon- taigne : « \'antez-vous donc d'avoir trouvé la fève au gasteau, à voir ce tintamarre de tant de cervelles philosophiques. » Les historiens n'ont pas été oubliés par M. Menche, et il fait aisément voir que, en ôtant du récit des affaires humaines la pensée chrétienne, ils ont enlevé à l'histoire sa haute moralité. Ce n'est pas cependant que les prétentions aient manqué à ceux qui, de nos jours, ont voulu raconter les annales des peuples. M. Michelet, pour son compte, n'hésite point à regarder l'office d'historien comme un sacerdoce et un pontificat ; mais le pon- tife déclare que le Christianisme a fait son temps, et que désor- mais c'est au verbe social qu'appartient l'avenir. Reste à con- naître ce profond mystère du verbe social, et à savoir ce que veulent dire ces mots. Je reprocherais volontiers à M. Menche de Loisne un peu d'indulgence pour les plus coupables, si ce n'était qu'on oublie quelquefois les noms qui devraient s'offrir les premiers au souvenir. M. Thiers et M. Mignet, les chefs de l'école fataliste, ne figurent pas dans le tableau du critique, et bien qu'ils remontent au delà des vingt années de son livre, ce sont eux surtout qui ont donné le branle. Je ne vois pas Sismondi, ce glacial Genevois qui continue lourdement Voltaire, sans man- quer aucune occasion de travestir l'histoire de l'Eglise. M. Au- gustin Thierry, si perfidement hostile au Catholicisme, et tron- quant, torturant les textes pour arriver à ses fins, est à peine