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134 INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE. Il y a maintenant dans le monde une redoutable phalange de livres pernicieux et immoraux, où tout est mis en doute, nié et flétri, la foi en Dieu, l'honneur, la probité, la pudeur, ce qui élève enfin et glorifie les nations. Grâce au langage enchanteur et persuasif de quelques hommes, à la fascination de leur talent, les générations naissantes trouvent inévitablement sous la main de quoi se corrompre l'esprit et se gâter le cœur, et, comme le penchant naturel et la curiosité nous inclinent au mal beaucoup plus vite qu'au bien, celui-là est trop heureux qui a pu se dé- fendre de toucher à des fruits empestés. Les années ajoutent au tribut déjà énorme des années leurs devancières, et il serait malaisé de dire jusqu'où n'étendra pas ses ravages ce torrent de honteuses peintures, de désolantes doctrines. Notre siècle l'a grossi encore de flots bruyants et impurs, et, à ne prendre que ces vingt dernières années, comme l'a fait M. Menchede Loisne, on ne peut qu'être affligé de voir ce qu'elles ont apporté de nouvelles causes de désastres. La révolution de 1830 rompit les digues, et laissa librement s'épancher un débordement qui menaçait déjà , sur la fin du rè- gne de Charles X. Le libéralisme de la Restauration s'était fait un renfort de tous les mauvais livres d'autrefois, et c'était le beau temps des pamphlets de Courier, des chansons de Béranger, de Y Histoire de la Révolution, par M. Thiers. On ne se bornait pas à attaquer le trône ; on s'en prenait violemment à l'autel et sur- tout aux Jésuites, en attendant l'heure où de plus âpres à la lutte, successeurs très-logiques de ceux qui avaient ouvert le chemin, parleraient de renverser la propriété et la famille. Ce qu'on décorait du nom de progrès, les vieilles folies des siècles écoulés, était remis en crédit, et il sortit, du journal le Globe, un apostolat savant et passionné, qui devait en finir avec le Christianisme etlelcortége de ses institutions. C'est toujours par la porte du Christianisme que les novateurs montent à l'assaut de la société, parce que c'est lui aussi qui fait le plus obstacle aux passions, et qu'on n'est pas bien sûr d'entraîner dans les guerres contre la paix du monde , dans les projets de bouleversements teux qui écoutent encore la voix de l'Église. Les révolutions aux-