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                INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE.                    135
quelles nous assistons, sont beaucoup plus des révolutions re-
ligieuses que des révolutions politiques. Ce qui passionnait les
journaux les plus véhéments, la veille même du 2 décembre 1851,
ce qui remplissait leurs colonnes, c'étaient les déclamations con-
tre le Pape. On rencontrait dans la Presse, dans le National,
dans le Siècle, réchauffées suivant le degré de science et d'es-
prit des aggresseurs, les platitudes que le Peuple avait ainsi
présentées, en quelques mots, le 30 avril 1849 :
    « Tout catholique est l'ennemi de la démocratie, de la répu-
 blique, de la philosophie ; l'ennemi du progrès dans la société,
dans la politique, et surtout dans la société. Les catholiques vou-
 draient perpétuer l'inégalité, le capital, l'autorité , l'idolâtrie.
 Point de transaction possible entre nous. Oui, le front du der-
nier pape recevra du catholicisme le stygmate d'infamie, et le fer
brûlant de l'opinion publique inscrira sur son front : Jésuite. •  >
    En face de pareils monstres, il ne reste certainement à la foule
 qu'à hurler le cri de la populace romaine sous les Césars :
 Christianos ad leonem !
    Le journalisme a été surtout le servile écho de certains chré-
tiens révolutionnaires, parmi lesquels nous voyons figurer un
prêtre qui fit battre jadis tant de cœurs catholiques, M. l'abbé
de La Mennais, et avec lui M. Pierre Leroux, puis MM. Michelet
et Quinet. C'est par eux que M. Menche ouvre son livre , et ces
 écrivains sont le sujet d'un chapitre où il qualifie très-bien leurs
 déplorables systèmes. Après avoir brisé avec Rome, l'auteur de
l'Essai sur VIndifférence, dans une poétique imitation du lan-
 gage biblique des Pèlerins polonais de Mickiewicz, déclarait une
 sourde guerre à la société, et dérivait malgré lui vers le commu-
 nisme, en passant d'inconséquence en inconséquence. La plus
 triste de toutes, chez ce grand écrivain, c'était surtout de perdre
 son temps à se battre lui-même, et à faire monter l'encens vers
 les dieux qu'il avait autrefois bafoués.
   D'historien original et sympathique, M. Michelet s'est jeté
plus d'une fois dans la mêlée, armé de virulents pamphlets, où
cet esprit irritable et fantasque décrétait l'esclavage de la femme,
sous prétexte de la soustraire à l'influence du confesseur, et ou-