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      INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE,
                          DE 4830 A 1850,

                                      «OR



             L'ESPRIT PUBLIC ET LES MÅ’URS (1).




   Il est d'une incontestable vérité que les lettres, quelque forme
qu'elles affectent d'ailleurs , agissent puissamment sur l'esprit
publie et les mœurs d'un pays , nous n'avons pas besoin de dé-
montrer une thèse si évidente. On a imputé assez souvent à
d'illustres écrivains l'honneur ou la honte de grandes révolu-
tions politiques ou morales, dont le germe se trouvait jeté dans
leurs livres, pour que nous sachions quel formidable levier ce
peut être qu'une plume tenue par la main d'un homme auda-
cieux et pervers, ou bien servant la pensée d'un esprit honnête
et religieux. Le XVIIIe siècle tout entier ne se montre-t-il pas à
nous comme enchaîné sous le charme fatal du rire impie de
Voltaire, et guidé vers des rivages inconnus par la voix trom-
peuse de J.-J. Rousseau? L'imprimerie a rapproché les distan-
ces, et ce qu'un écrivain qui domine la foule dit à ses compa-
triotes, il le dit aujourd'hui à une considérable portion de l'hu-
manité. Breuvage salutaire ou poison, sa coupe verse à une
foule immense la vie ou la mort.

   (i) C'est le titre d'un volume in-8 , couronné le s5 septembre I 8 5 I , par
l'Académie de Chàlons-sur-Marne , et que vient de publier M. Menche de
I.oisne, secrétaire-général de la police, à Lyon..