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100               HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
   M. Delandine, professeur de législation à l'école centrale,
M. Dumas, employé dans les bureaux de la Préfecture, s'étaient
fait connaître par des travaux qui leur avaient déjà ouvert les
portes de l'Académie de Lyon ; entre les mains de tels hommes,
le journal devait sortir de la ligne des publications ordi^-
naires. Le succès répondit à leurs efforts; des abonnements
furent demandés, non seulement de tous les points de la France,
mais encore de l'étranger. L'intérêt des événements, la manière
dont ils étaient contés avaient réveillé toutes les sympathies,
attiré tous les regards, et l'humble feuille qui ne devait avoir
que trois mois d'existence devint une excellente spéculation.
   Outre le compte-rendu des séances qui se tenaient dans l'é-
glise du ci-devant collège de l'Oratoire, aujourd'hui le grand
Collège ou Lycée, le récit des fêtes données au premier consul
et aux membres de la Consulta, les arrêtés du gouvernement
dont une partie concerne notre ville, que Napoléon voulait sor-
tir de ses ruines, enfin les nouvelles du jour, dont l'intérêt était
d'autant plus grand que Lyon était devenu le centre de l'Empire,
comme on disait alors (1), le journal contenait encore des dis-
sertations scientifiques et littéraires de MM. Delandine et Dumas,
des critiques d'ouvrages nouveaux, des aperçus pleins d'intérêt
sur notre commerce, notre industrie, nos fabriques, des docu-
ments historiques sur nos monuments anciens et modernes, sur
nos environs, sur les événements dont notre ville fut le théâtre,
et, pour égayer ce formidable assemblage, des poésies qui in-
diquent une véritable renaissance dans la littérature de notre
pays.
   Le style de cette feuille est en général plus élégant que celui
dont se servent les journaux ; on sent la présence d'hommes
qui ne font pas métier de leur prose, mais qui conservent dans

   (i) « Le monde était pacifié, mais le plus bel empire du monde manquait
de culte ; et, pour la première fois, ou vit un peuple pour qui le ciel, avait
tant fait, n'avoir point de langage pour remercier le ciel. » •.— « Le repos était
rendu à l'Empire et aux cœurs; rien ne manquait à la gloire de Napoléon
Bonaparte... » [Mémorial des événements de Cm X).