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98 HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. En marge de la lettre, on lit de la main du préfet ou de son secrétaire : « écrit le 25 au Mre. » Le refus de l'autorité ne découragea point Fourrier qui engagea bientôt une polémique dans les journaux de notre ville à propos de son système. Une foule de lecteurs ne voyait' dans ses théories que des projets impraticables et par conséquent peu dangereux. D'autres, effrayés, jetaient déjà le cri d'alarme. Ces derniers seuls étaient clairvoyants. Fourrier, traité comme un homme peu sensé, se faisait connaître dans ces luttes de la presse où il avait le double avantage d'avoir une conviction profonde et de s'adresser aux passions ; ses idées s'infiltraient dans les masses, et il n'é- tait plus un homme obscur, lorsqu'en 1808 il publiait ce livre fameux qui devait ébranler la société; on a nommé la Théorie des quatre mouvements. Il existe dans notre ville une collection nombreuse et inédite de papiers de toutes sortes laissés par Fourrier. On prétend qu'il est difficile de pousser le libertinage d'idées et la crudité d'ex- pressions plus loin que ceux qui régnent dans ces écrits. Fourrier, en 1800, écrivait son nom avec deux r ; l'usage de ne lui en donner qu'un a prévalu. Nous conserverons l'ancienne orthographe aussi longtemps que nous la trouverons ainsi dans les journaux que nous allons parcourir. JOURNAL DE LYON ET DO MIDI. Lyon, Ballanche et Barret, an X (1801-1802), in-8. 1» numéro, 1 er nivôse anX(22 décembre 1801), précédé d'un prospectus. 45 e et dernier numéro, 29 ventôse même année (20 mars 1802). Ce journal rappelle une des époques les plus glorieuses de notre histoire. Un gouvernement ferme et protecteur venait de s'établir, la France respirait enfin, et l'Europe se réconciliait avec elle, non par affection, peut-être, mais par crainte de ses armes. Une ère nouvelle commençait, les idées avaient changé de cours, et les esprits, dégagés de dix ans de crainte, revenaient à la re- ligion de nos pères, au culte qu'on croyait anéanti, à l'obéissance aux lois, à l'amour de l'ordre et du repos. Un magnifique reflet de gloire couvrait les nouvelles institutions, tout semblait annon-