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SUR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ. 49 gleterre, en Allemagne ,• le monde entier est agité par le génie d'un seul homme. S'agit-il de tenir des conciles ? c'est Hildebrand qui en règle les délibérations et en dicte les décrets. S'agit-il d'é- lire de nouveaux pontifes ? c'est Hildebrand qui les désigne et décide du choix. Tel fut l'effet de son activité, qu'à la mort d'Alexandre II, tout se trouva mûr pour l'accomplissement de ses plans. On dit néanmoins qu'à cet instant décisif, quand il fallut payer de sa personne, quand les acclamations réunies du clergé et du peuple lui déférèrent le souverain pontificat, on dit que ce fier génie se rejeta en arrière (1), soit que son humilité, qui était grande, le portât à décliner une dignité qu'il jugeait trop haute pour lui, soit que la prévision de l'avenir effrayât son cou- rage. Mais on vainquit ses résistances, et il devint Grégoire VII. Aussitôt l'on vit commencer un ordre de choses inconnu. Alors régnait en Allemagne Henri IV, monarque que la provi- dence avait orné de toutes les qualités qui font les grands princes, mais qui, grâce à une mauvaise éducation, n'avait développé que les vices qui font les tyrans. La dépravation de ses mœurs et de son caractère en était au point qu'on a peine à croire les excès auxquels il se livrait (2). Un pareil monarque devait natu- rellement craindre l'avènement à la tiare d'un homme tel que Hildebrand. Déjà , sous le dernier pontificat, n'étant qu'archidia- cre, Hildebrand avait donné à l'empereur un échantillon du sort qu'il lui réservait, s'il devenait jamais pape. Élu à cette dignité, bien loin de rassurer Henri sur ses intentions, il lui écrivit que, si son élection était ratifiée, il ne laisserait pas impunis les crimes du prince (3). Mais en vain les conseillers de Henri insistèrent sur les menaces, et rappelèrent la véhémence de l'archidiacre pour lui faire annuler son élection; une sorte de fatalité entraî- nait cet empereur, et il envoya son consentement (4). (1) Voigt, Hisi. de Grégoire VU, t. I, p. 244. — Berlhold Conslantiensis, ad ann. 1074. (2) Slruvius Burkard, Corpus tdst. German., period, VI, p. 355. (3) Vftigl, L. 1, p. 247. • . . ' ' • • - (4) Struv., p. 569.