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SUR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PAPAUTÉ. 25 ses, intéressantes. Nous avons vu quel effet opéra sur le roi des Huns la vue de saint Léon; on sait la vénération de Clovis pour saint Rémy, celle de Théodorik pour saint Césaire d'Arles. Les conquérants de l'Empire furent à leur tour conquis à l'humanité par l'Eglise, et la civilisation fut sauvée. Mais une si grande victoire ne put être remportée sans qu'il en revînt aux chefs de l'Eglise un notable accroissement de puissance temporelle. D'un autre côté, les peuples soumis par les Barbares et que tant de calamités avaient écrasés, s'apercevant qu'au milieu du désordre général la voix des pasteurs de l'Eglise était écoutée, qu'ils exerçaient sur les nouveaux maîtres du monde une in- fluence salutaire, et se trouvaient seuls capables d'arrêter les excès de la force brutale, les peuples donc s'empressèrent de se ranger sous l'autorité de leurs évêques, et de leur confier la suprême direction des affaires temporelles. Ce dernier fait se manifesta surtout en Italie. Plus qu'aucune autre partie de l'Europe, cette péninsule avait été malheureuse. Tour à tour ravagée par les Goths, les Huns, les Erules, les Lombards ; spoliée par ses propres souverains qui, au lieu de la protéger, venaient lui arracher ce que les Barbares avaient respecté, elle n'eut, pendant trois siècles consécutifs, d'autre res- source que l'inépuisable charité des pontifes romains, d'autre défense que leur habileté et leur courage. Dans l'abandon où se trouvèrent les choses, ces héroïques pasteurs se virent for- cés, sous peine de laisser tout périr, de saisir le timon des affaires et de gouverner. « Le malheur des temps, dit Edward Gibbon, augmenta peu à peu le pouvoir temporel des papes ; les évêqùes de Rome étaient alors réduits à exercer le pouvoir en qualité de ministres de charité et de paix (1). » Les choses en vinrent au point que non seulement les grandes affaires, mais encore tous les détails de l'administration civile tombèrent en- tre leurs mains. L'un d'eux, saint Grégoire-le-Grand, s'en plaint amèrement ; il se plaint que « son élévation au pontificat l'ait rejeté dans le siècle, bien loin de l'en éloigner, et que le repos * (!) Hist. de la Décadence de l'Empire romain . c XLV.— Ed. du Panthéon.