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           SUR LE POUVOIR TEMPOREL DE LA PA*PAUTÉ.                    21

  leurs, d'entretenir la splendeur du culte divin, de soulager les
 pauvres, attira à chaque église, d'abord des offrandes volon-
 taires, ensuite des contributions obligées, que venaient augmenter
 encore les dons faits par testament en biens-fonds ou en numé-
 raire. Toutes ces ressources étaient naturellement confiées aux
 mains des évoques qui les administraient pour le plus grand
 bien de la communauté chrétienne, et devenaient par ce moyen
 comme les chefs, ou plutôt les pères temporels de peuples en-
 tiers. De là pour les pasteurs une influence d'autant plus vaste
 que l'abondance du trésor ecclésiastique leur permettait d'é-
 tendre plus loin le bras de la charité (1).
    Ces deux causes agissaient en faveur de tous les évêques,
 mais les résultats en étaient bien plus considérables relativement
 aux pontifes romains, vu l'importance de leur ville épiscopale,
 centre immense où tout affluait, où les grandes fortunes étaient
concentrées. Nul doute que l'évêque dont la juridiction s'exer-
çait sur une plus vaste échelle, qui était en rapport direct avec
les personnages les plus opulents et les plus illustres de l'em-
pire, ne dût acquérir une grandeur personnelle supérieure à celle
de ses frères dans l'épiscopat. La conversion de Constantin dut
être et fut, en effet, le signal d'un notable accroissement de cette
grandeur. De même que les empereurs n'avaient point connu
de bornes dans leur haine pour le Christianisme, de même ils n'en
eurent point dans leur amour. Ils comblèrent l'Eglise et ses pas-
teurs de libéralités et de privilèges (2) ; et dans la distribution
de ces libéralités, de ces privilèges, ils distinguèrent constam-
ment l'Eglise romaine et son chef, auxquels ils se plurent à
prodiguer des honneurs spéciaux. Quand les peuples voyaient
ces superbes Césars, que les hommages et les respects du monde
entier égalaient aux dieux, se courber comme les derniers de
leurs sujets devant la majesté du successeur de Pierre, quelle
idée ne devaient-ils pas concevoir de la puissance de l'homme
qui humiliait ainsi la puissance même !

  (1) L'abbé Gosselin , Pouvoir du Pape au moyen âge. Paris, 1845, Intro-
duction.
  (2) Le mémo ouvrage, introduction.