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22                  *        ESSAI HISTORIQUE
   Toutefois, jusque vers la fin du lVe siècle, aucun témoignage
historique n'attribue aux pontifes romains un pouvoir temporel
proprement dit, qui soit supérieur à celui des autres évêques. Mais,
au Ve, un écrivain ecclésiastique nous apprend qu'avant même le
pontificat de Zozime, qui suecéda en 418 à Innocent 1, l'épiscopat
romain avait joint à l'exercice du pouvoir spirituel une sorte de
domination temporelle (1). Quelle était la nature, quels étaient
les attributs, les limites de cette domination? il serait malaisé de
le dire. Le sénateur Cassiodore (2), qui en parle dans une lettre
écrite au pape Jean II, vers l'année 534, la suppose, mais ne la
définit pas, et aucun des écrivains d'alors nela précise mieux. D'où
venait-elle? question non moins obscure. Etait-elle le résultat
d'une concession quelconque de souveraineté octroyée aux pa-
pes ? plus d'un savant l'a cru ; et si les titres écrits pouvaient
toujours justifier de l'existence des droits qu'ils expriment, la
difficulté serait résolue, puisque nous possédons le texte même
d'une donation de Rome et de son territoire faite par le grand
 Constantin à Sylvestre II, ainsi qu'à ses successeurs à perpé-
tuité. Mais bien que le texte de cette donation se trouve en
tête de toutes les collections de conciles, bien que durant plu-
 sieurs siècles l'authenticité de cette donation ait été reçue sans
 conteste, la supposition en est aujourd'hui trop clairement dé-
 montrée pour qu'on puisse expliquer par là l'origine du pouvoir
temporel en question (3). Nous sommes donc obligé encore une
 fois de reeourir aux conjectures.
   Un fait singulier, un fait qui occupe une large place dans
l'histoire de l'empire au IVe siècle, et qui exerça une influence
décisive sur ses destinées, c'est le fait de la translation du siège
   (1) Hist. eccles., 1. VU, c. XI.
    (2) Nolite in me tantum rejicerem civilatis illias curam , qua? potius vestra
laude secura est... Securilas ergo plebis ad veelram respieit iamam, Gui di-
vinittis est commissa custodia ( 1. XI, epist. 2 ).
    (3 Sur la fausseté de cette pièce, voir Morin, Hist. de l'origine et des pro-
 grès de In puissance temporelle des Papes , in-fol. — De Marc», de Concordia
sacérdotis et imperii, in foi., I. III, c. XII. — Baronii, Annales eccles,, ad annum
 32-4. — Pouvoir du Pape au moyen âge , pièces justificatives.