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10 HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYONk Le coup d'état de brumaire avait changé la politique du pays et porté une rude atteinte à l'influence des Jacobins et de leurs amis. Plus audacieux depuis lors, le Journal de Lyon crut pou- voir, le 13 nivôse, dans son numéro 70, attaquer ouvertement l'autorité et reproduire contre la gendarmerie des accusations que nous croyons pouvoir traiter hautement nous même de calomnies et de mensonge. Ce fut la perte du journal. Des sol- dats français peuvent être emportés par le zèle, mais ce ne sont ni des tigres, ni des êtres corrompus, ni des brigands. Une plainte signée des autorités partit de Lyon, et bientôt l'admi- nistration du département reçut la réponse suivante de Fouché : « Bureau particulier n° 466g. « Paris le 29 nivôse, an VIII de la République une et indivisible. « Le ministre de la police générale de la République à l'administration centrale du déparlement du Rhône et au commissaire du Gouvernement près d'elle, à Lyon. « J'ai reçu, citoyens, votre lettre du 17 du courant, ainsi que la feuille n° 70 qui y était jointe du Journal de Lyon et du midi. Je vous charge, au reçu de la présente, d'apposer les scellés sur les presses servant à l'imprimer, et de prendre toutes les mesures nécessaires pour en empêcher la circulation. Vous me rendrez compte de l'exécution du présent ordre, « Salut et fraternité, FOOCBÉ. » A la réception de cette lettre, le journal fut en effet suspendu, et, ce qui diminua les regrets publics, c'est que cette feuille, organe du parti modéré dans notre ville, se laissait aller de jour en jour à des allures plus acerbes et à un langage que commençaient à réprouver également la justice et l'urbanité. Deux professeurs de grammaire, Brunel et Molard, donnaient au journal des articles en prose et en vers. Les premiers trai- taient le plus souvent des difficultés grammaticales de notre langue, les seconds, empreints de l'afféterie et de la mignardise de l'époque, avaient pour sujet habituel la galanterie et le sen- timent. Voici une des meilleures pièces de Molard, homme d'ailleurs estimé :