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HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON. 7
décade. Il était rédigé et publié par Doublier, homme honnête,
mais écrivain de second ordre. 11 eut successivement pour im-
primeurs : Bernard, Dupré, Roger et enfin Rolland. Ses bureaux
étaient rue Pizai, 132. 11 donnait parfois des suppléments.
La France, après tant d'orages, était lasse des agitations po-
litiques et de cette polémique ardente à laquelle les esprits étaient
livrés depuis dix ans. Un immense besoin de calme et de repos
se faisait sentir. Le commerce et l'industrie, anéantis par le
despotisme populaire, prenaient une vie nouvelle et renaissaient
pleins d'espoir dans l'avenir. La situation du pays ressemblait
à celle de la terre après le déluge. Rien d'ancien n'était resté
debout. Les ruines étaient partout, mais plus d'une pouvait être
utilisée. Le sol tourmenté était humide encore, mais il se raf-
fermissait et les hommes, Ã peine revenus de leur terreur et le
«œur inondé d'espérance, se remettaient au trawail, heureux et
reconnaissants d'avoir échappé au danger et corrigés pour le
moment des fautes qui leur avaient valu le châtiment.
Le Journal de Lyon et du Midi reflette fidèlement cette situa-
tion. Il marche timidement d'abord, mais il espère. Il s'arrête
parfois à écouter les bruits lointains ; il cherche sa route à tra-
vers les débris de la religion, des lois et de la Société ; il hésite,
et l'on sent que ses premiers pas ne sont pas encore bien af-
fermis ; cependant il avance, et son courage se développe et
grandit à mesure que le danger s'éloigne et disparaît.
On devine ses tâtonnements craintifs et son hésitation en
lisant les épigraphes dont il accompagne son titre et dont il
change plusieurs fois. Du numéro 1 au numéro 37, il a pour
devise cette pensée inoffensive .-
« Le vrai citoyen lit avec plaisir tout ce qui intéresse la gloire de son pays. »
Du numéro 38 au numéro 59 :
« Celui gui ne peut nous servir comme ami, nuit toujours comme ennemi. »
Et ces deux vers :
« La haine des petits est toujours dangereuse ;
Plus d'un grand en a fait l'épreuve douloureuse. »
Enfin du numéro 60 au numéro 77 :
« Quiconque est plus sévère que les lois est un tyran. (Vauvenargues). »