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8                 HISTOIRE DES JOURNAUX DE LYON.
   La pensée est noble, brève et concise ; elle est digne d'être en
tète du journal ; mais elle est d'un autre homme que Doublier.
   Dès son prospectus, Doublier annonça des opinions calmes
et modérées, et, en s'adressant plus particulièrement aux pères
de famille dont il veut surtout obtenir les suffrages, il s'engage
à faire quelquefois trêve avec la politique pour s'occuper d'é-
ducation. Les nouvelles étrangères simplement exposées, les
nouvelles locales, un article variétés où l'on traite de tout :
religion, morale, sciences, littérature, un aperçu rapide sur
nos théâtres, des pièces de vers, des charades, des logogri-
phes, des énigmes remplissent le journal et amusent ou inté-
ressent le lecteur, mais ne soulèvent plus les passions comme
les violents journaux que nous venons de parcourir.
   Cependant, tous les abus n'avaient pas disparu et le Journal
de Lyon crut pouvoir en signaler quelques-uns :

    « A qui appartiennent les terres, les vastes domaines, les maisons de plai-
sance qui embellissent le territoire de la République, se demande-l-il un
jour ? De nouveaux princes, de nouveaux ducs ont pris la place des anciens.
Ce sont les ex-gouvernants, leurs complices, leurs flatteurs, leurs maîtresses.
Meubles somptueux, brillants équipages, vins rares et délicats, trésors pu-
blics et particuliers, tout est devenu leur apanage.
    « L'avocat Treillard est le propriétaire actuel de la superbe maison de
campagne d'Issy... Merlin de Douay, voulant se donner la terre de Praslin,
mande le ci-devant duc de ce nom : « J'apprends, monsieur, lui dit-il, que
 vous vendez votre terre de Praslin, je désirerais l'acquérir... » En présence
 de l'embastilleur en chef, d'un homme qui tient dans ses mains la déportation,
 la liberté, la vie de tous lesTrançais... Praslin hésite et répond en balbutiant :
 « Citoyen directeur, je n'avais jamais pensé à vendre ma terre ; mais, puisque
 vous en avez envie, je ne regrette aucun sacrifice pour vous satisfaire. »
   « Parmi les crimes de l'ancien directoire, ajoute plus loin le Journai de
Lyon, pourquoi ne compteriez-vous pas ceux dont la malheureuse Suisse est
aujourd'hui la victime ? Voyez cette nuée de Rapinat la dévastant, la pillant,
la saccageant.
   a Quand parla-t-on plus de liberté que sous Robespierre, et quand fût-on
jamais plus esclave?... Ne perdons pas de vue ce grand mot du JODHNAI. DES
HOMMES LIBRES : « /( fallait sauver la France, on ne pouvait le faire qu'en sacri-
fiant beaucoup de Français. » Voilà tout le mystère, nous serons sacrifiés, mais