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     452              LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

     minait par ces mots : « Une charte sera désormais une véri-
     té. » La Chambre répondit par une adresse au peuple fran-
     çais qui contenait l'énumération de diverses garanties qu'elles
     se proposait d'assurer à la France, et substituait ces mots :
     « La charte sera désormais, etc. » à ceux qu'avait employés
     le duc d'Orléans : modification significative, et que tout an-
     nonce avoir été consentie ou provoquée par lui-même.
        Depuis que le concours formel de ce prince était acquis
     aux constitutionnels, ses partisans n'avaient cesséd'agir auprès
     du général La Fayette pour le mettre dans leurs intérêts. Le
     vétéran de 1789 répondait aux émissaires orléanistes par des
     paroles honorables et bienveillantes sur les vertus domesti-
     ques et le patriotisme de Louis-Philippe; mais il avait peine
     h sacrifier son utopie favorite, et les instances incessantes de
     plusieurs milliers de jeunes gens, qui voulaient constituer
      immédiatement la république sous sa présidence, l'entre-
     tenaient dans ses irrésolutions. Les représentations de
     MM. Barrot, Gérard, Rèmusat, Carbonnel et surtout de
     M. Rives, ministre des Etals-Unis, l'emportèrent enfin; et,
     confiant dans le principe de la souveraineté populaire, qu'ad-
     mettrait la charte future, et dans l'institution de deux millions
     de gardes nationaux, il parut ne plus opposer d'obstacle à l'é-
     tablissement du nouveau pouvoir.
        Les députés, au nombre de quatre-vingt-quinze, se dispo-
     saient à porter au duc d'Orléans l'Adresse qu'ils venaient
>•   de délibérer, lorsqu'ils apprirent que ce prince allait se mettre
     en marche pour l'Hôtel-de-Ville. Cette manifestation décisive,
     que le duc eût voulu retarder, était devenue indispensable
     pour déconcerter les dernières espérances des républicains.
     Un court entretien qu'il eut avec M. Bérard, au moment de
     partir, annonce qu'il ne s'abusait pas d'ailleurs sur le sens
     politique de sa démarche. « Si je parviens au trône, lui
     dit-il, vous ne sauriez croire à quels regrets je serai condamné.