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30 DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. souillés de sang s'ils n'étaient retrempés dans la mer ! Allez! hommes et peuples, roulez sur le globe qu'emporte l'espace , bondissez comme lui sur la grande voie des mondes, parcourez les sentiers nombreux des choses... traversez le feu, traversez le sang, et le sombre chaos, où sont les fantômes des créatures encore à naître... Êtres libres ! il faut remonter le néant! Ame, franchis de ton vol tout l'espace de l'anti- que abîme ; l'éternelle tempête te battra de ses eaux , les reptiles glacés glisseront sur loi, tes sueurs et tes larmes tomberont en gouttes de feu... Va ! traverse la région des ténèbres , et entre dans les chemins azurés de la création... Les vents qui te froissent contre les rescifs te font acheminer vers l'existence supérieure. . . . . . . . . . Ah ! je ne conserve aucun doute sur le travail qui s'ac- complit dans le temps ! La volonté ne se pose qu'en suppo- sant son obstacle ; sa nature est de s'accroître avec l'effort. De là , la marche de la vie... Ceux qui l'ont traversée vous le diront : à chaque pas la source des joies diminue et le torrent de l'amertume se grossit ; un cœur toujours plus blessé pour porter un fardeau plus lourd ! Pourquoi la jeunesse est-elle comme un ciel présent au- tour de nous ; et la vieillesse, comme un néant qui com- mence? Ah! pourquoi tous les dons au commencement, lorsque nous ne méritons pas ; pourquoi l'abandon et ;les infirmités à la fin , lorsque nous sommes déjà soumis?... Aux yeux de celui qui sait voir, comment pourrait être plus clairement posé le problème ! L'homme entr'ouvre joyeux les portes de la vie ; la jeunesse pourvoit à tout. L'imagination comble l'esprit, deux ailes portent sa volonté et son cœur Mais, peu à peu les en- couragements s'éloignent. La poésie , l'espérance , la santé ,