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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 45 Àvez-vous regardé de près les âmes le plus rigoureusement condamnées au travail ; quel repaire incroyable de présomp- tion ! Approchez, dites une parole, vous les verrez bour- donnantes d'orgueil. Le sauvage et le barbare se trouvent précisément dans cet étal. L'orgueil est au commencement nature de cette révolution. Toute la difficulté n'est pas d'approcher les biens de certaines âmes, mais de les leur faire conserver. On ne possède que ce que l'on a créé une fois et que l'on a économisé mille. Il n'y a de propriété qu'as- sise sur la vertu. On ne peut la garantir à nul homme ; des âmes tombant dans la paresse ou dans le vice , les personnes et les biens tomberont. Mais le mouvement économique qui doit éclater bientôt, découvrant combien le christianisme a fait des progrès secrets, prouve qu'une nouvelle multitude d'homme est apte à la propriété. La Révolution française ne fut que l'égalité de l'homme devant Dieu passant devant la loi civile. Une révolution plus complète nous attend. Il s'agit de reconnaître l'égalité de l'homme devant la loi économique. Elle existe jusqu'à un certain point dans le fait, comme Je prouve la triste loi de concurrence ; elle n'existe pas régularisée dans le d r o i t , comme l'accomplira l'heureuse loi d'association. Toutefois cette égalité, reconnue dans le principe, établie dans le moyen, fera toujours défaut dans le b u t . . . Il se fera une Révolution économique , il ne se fera pas de révolution dans le travail. Il restera pour levier au genre humain. Non, certes, que le travail doive subsister toujours à pareille dose ; mais il ne diminuera sur la terre qu'en proportion de la liberté faite. Il faut qu'il continue d'enfanter la volonté dans les âmes. L'homme qui brise les fers que l'orgueil lui mil aux pieds, et qui fuit victorieux l'étroite enceinte du corps, seul entrera dans le champ libre de l'esprit. La société changera, c'est à -dire que le nombre de ceux qui formaient la plus grosse classe diminuera, parce qu'ils passeront dans une autre ; mais la loi sur laquelle la société se transforme ne changera pas. Il se fera celle magni- fique révolution, que les classes inférieures au lieu d'être le plus nombreuses, le deviendront de moins en moins dans la magnifique progression de l'échelon- nement des âmes. L'ordre économique n'est que l'établissement de tous les cer- cles d'épreuves. Il sera toujours une hiérarchie de libertés, mais que réglera la j u s t i c e , qu'adoucira la charité. Nous verrons toutes ces questions au Livre qui en fera son sujet.