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78 DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. La remarque que vous avez faite pour la douleur est à faire pour la liberté. Elle se trouve également dans une dispropor- tion inexplicable avec l'homme. Faites-y bien attention , il ne fallait qu'un seul acte de pleine et entière liberté pour fixer dans un être la responsabilité (1). Que l'homme donc soit mis une fois à l'épreuve et qu'une fois il en sorte victo- rieux , n'a-t-il pas décidé de la direction de son être et du choix de son cœur? Mais voilà qu'aussitôt l'épreuve reparaîl, et elle reparaît à toutes les heures de la vie. Sans doute que l'homme (il peu pour planter l'abre du mérite en lui : mais enfin il a fait tout ce que lui demandait l'absolu ; alors, ii quoi bon le refaire? Cependant la fertile épreuve se multiplia sans fins, dépassant mille fois la valeur de sa vie. A chaque pas l'homme dépose le socle d'une nouvelle responsabilité, et à l'extrémité de la carrière, il n'aperçoit dans l'immense plage que lui seul pour prendre place sur tant de construc- tions! Ah ! pourquoi la liberté recommence-t-elle toujours ? et pourquoi la douleur ne finit-elle jamais?.. Puis-je dire que mon cœur, une fois rempli par l'amertume, ne s'en rem- plira plus? la mer passerait sur l'éponge glorifiée sans y ajouter une goutte d'eau, mais mon cœur se sèche de lui- même pour mieux être replongé !... Puis-je dire que ma l i - berté s'abatlanl sous l'épreuve ne se relèvera plus? le burin tombe en poussière avec le roc qu'il a percé, mais ma liberté se reforme elle-même pour mieux recommencer!... Que je m'élance au dehors, que je m'enfonce au dedans , partout, partout l'immense douleur C'est là une question ! (i) Comme les théologiens pensent que cela fut pour le premier homme, dont un seul acte devait décider du soit de la nature humaine. Ils présument que s'il n'y avait pas eu chute de la part du premier homme, toute sa rac; s'en fut préservée. Le relatif commençait : l'essai était là !