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144 LKTTRES SUK LA SARDAIGNE. court : pas la moindre théorie. En ma qualité d'arlisie je ne raisonne pas ; je jouis de tout ce qui est beau et ne fais point de catégories : pas la plus petite discussion. Enfin, quoique voyageant en pays monarchique, catholique et aristocratique , prêt à subir la réaction de l'Italie . j'éviterai de prononcer ces mots attendrissants de patrie et. de liberté , dont a fait parfois un si bel usage le libéralismeégo ïste et stu- pide ; je vous ferai grâce de toutes réflexions voltairiennes h l'endroit de l'oisiveté monacale et de la tyrannie ecclésiasti- que ; je n'aurai même pas une hymne funèbre pour cette pau- vre noblesse , qui voit son écusson détrôné par les écus, pour ce pauvre parti légitimiste tombé partout à l'état d'opinion. Vraiment, j'ai si grande envie de vous plaire, que je vais essayer d'être grave, sérieux et instructif; et, si par hasard quelque proposition impertinente étonnait votre regard, songez à ce précepte du comte de Maistre : « Il faut de l'im- « pertinence dans certains écrits, comme du poivre dans les « ragoûts ». Vos connaissances géographiques sont assez étendues, pour que l'existence d'une ville , ayant nom Oristano, et située au sud-ouest delà Sardaigne, vous soit connue. Je n'élève pas là - dessus le moindre doute, quoiqu'il me souvienne qu'à l'époque de mon départ, certaines personnes, au demeurant fort estima- bles, m'engageaient instamment à prendre la voie de terre pour me rendre à Gagliari. Mais ce que vous ignorez certainement, et ce que je suis fier de vous apprendre , c'est l'étymologie du mot : Oristano. Je vais donc essayer une dissertation savante digne de votre intérêt. Un peu d'indulgence , s'il vous plaît. Mais , avant de vous étaler ma science à propos de celte ville intéressante , permettez-moi de vous parler du pays qui l'en- toure , de ces grandes plaines du Campidano et Sanla-Anna, heureuses et fertiles aux environs de l'établissement Victor- Emmanuel , puis désolées et brûlantes, et au centre des-