Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                            \
                                s



 418                  LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

 plus heureuse et la plus inespérée, furent oubliés eu quelques
 mois. Ce fut alors que les regards commencèrent à se tour-
 ner vers le duc d'Orléans (1). Ce prince, il faut le reconnaît-
 Ire, se recommandait à plusieurs égards à l'attention publi-
 que. La politesse exquise et même obséquieuse de ses ma-
 nières , l'intérêt de sa conversation, nourrie par le spectac e
des plus grands événements contemporains et des scènes les
plus variées de la nature, la facilité un peu prosaïque de srjn
esprit, l'élégance de sa tournure , que rehaussait le bril-
lant uniforme de colonel-général , le signalaient h la mul-
titude , toujours prompte à se laisser séduire par le pres-
 tige des avantages extérieurs. Le parti révolutionnaire qui,
longtemps courbé sous le sceptre viril de Napoléon, renaissait
aux premiers rayons de la liberté constitutionnelle, voyait
avec intérêt en lui le clubiste de 1791 et le guerrier qui
avait dévoué ses jeunes efforts au service de la cause répu-
blicaine. Les espérances de ce parti en vinrent bientôt à se
formuler en complots. Des propositions plus ou moins di-
rectes furent portées dès cette époque au prince, qui se fit un
devoir et un mérite de les repousser. Son instinct politique
lui disait assez que le moment n'était point venu pour lui de
songer à la couronne. Il affectait de se concentrer dans le
plus modeste isolement. Sa résistance, devenue proverbiale


   (l) Les symptômes de celte direction politique avaient été devinés dès le
principe par la pénétration de M. de Talleyrand. Pendant le dernier voyage du
duc d'Orléans en Sicile, ce ministre dit un jour à Louis XVIII; « Votre Ma-
jesté permet-elle que M, le duc d'Orléans revienne bientôt de Païenne? —
Sans doute, répondit le roi, son Altesse sera de retour avanl un mois. —
Votre Majesté pense-t-elle que l'air de la France soit aussi bon à son Altesse,
que l'air des Deux-Siciles?—Mon cousin est revenu en effet en très-bonne
santé, mais je ne pense pas que l'air de Paris fasse maigrir. » M. de Tal-
leyrand vit qu'on ne voulait pas le comprendre , et se tut. Ce fut à Louis-
 Philippe lui-même qu'il raconta, après 1830, celte particularité.