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                     LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.                447

 prompt retour à Paris. Ces considérations exercèrent peu
 d'impression sur Marie-Amélie. Cette princesse exprima avec
 émotion la reconnaissance qu'elle avait vouée au généreux
 vieillard auquel on parlait d'enlever sa couronne (1), et ren-
 voya les deux négociateurs à peu près sans espoir. M. Thiers,
 qui survint quelques instants après, ne fut pas plus heureux.
 Mais alors parut, accompagnée de madame de Montjoie, la
 princesse Adélaïde, et la conférence s'établit sur d'autres
 bases. M. Thiers exposa que l'avènement du duc d'Orléans
 concilierait l'Europe à la France, en montrant ce royaume «à
jamais délrompé des chimères républicaines. » Que s'il y
 avait encore des dangers à courir, le prince gagnerait sa
couronne à s'y associer; il fallait surtout ne point laisser flot-
 ter les destinées de la France. Madame Adélaïde objecta la
crainte « qu'aux yeux de l'Europe l'avènement de son frère ne
prît la couleur d'une révolution de palais, et que Charles X
ne parût avoir été renversé par une intrigue plutôt que par
la conscience publique (2). «'Cependant les exhortations de
M. Thiers n'eurent pas de peine à entraîner cette âme virile,
ambitieuse et peu disposée d'ailleurs à céder à des considé-
rations de famille. Elle promit de hâter le retour de son frère,
et déclara qu'elle-même, enfant de Paris, était décidée, s'il
le fallait, à venir partager les destinées des Parisiens. De re-
tour dans la capitale, M. Thiers raconta avec enthousiasme
celle mémorable conférence, et son récit accrut la faveur qui
commençait à entourer le nom du duc d'Orléans.
  Pressé par les instances de ses ministres eux-mêmes,
Charles X, avait, le 29, tardivement révoqué les funestes or-
donnances et chargé le duc de Morlemart, chef d'un nou-
veau conseil , de faire prévaloir celle révocation. Un malaise

 (1) Histoire de Dix ans, t. I, p. 335.
 (2) Chronique de Juillet, par Rozel.