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DE LA DOLLEUR DANS LE TEMPS. 73 il en lui ce qu'il n'aurait pas formé ! Il faut que sa nature tombe : il ne doit être composé que de grâce et de li- berté ! (1) Ah ! ne t'étonne plus de l'ardente continuité du travail; il est besoin que la liberté revienne sans cesse sur toi-même, qu'elle ait tout vu , tout repassé ; qu'elle ait repris les avances que Dieu a faites, car tout s'écroule qui n'est pas tenu par sa force... Autant elle agrandit l'âme, autant elle ouvre le vase d'or où la grâce peut, cette fois ! se répandre au gré de l'Amour... Toutefois Dieu dut créer l'homme bien ; c'est-à -dire en pouvoir de ne pas pêcher. Il appartenait h l'homme, après cela , s'il se laissait cheoir jusque vers les racines de sa li- berté , de se reprendre en sous-œuvre dans le tréfonds de la douleur. En cette manière , c'est lui qui a accepté le genre d'épreuve qu'elle impose ; en môme-temps qu'il a voulu les fins dont elle accroît son être. Dieu fit l'homme , l'homme fil le mal , personne ne fil la douleur ; elle naquit des embarras du relatif passant à l'existence immortelle. Delà la Chute fut laissée en quelque sorte au libre arbitre de l'homme. Avouons-le donc aujourd'hui, à notre honte aussi bien qu'à notre gloire, c'est l'homme qui s'esl mis dans la nécessité de reprendre son être de plus loin , etconsèquemment avec plus de mérite devant Dieu ! Aussi , les Cieux ne tardèrent-ils pas à envoyer à ce noble fils de l'Etre un secours tiré d'une source d'amour plus profonde que celle même d'où sorlil la création... 0 FELIX CULPA ! s'est écrié un Saint. Et l'Eglise le (i) Yoilà donc pourquoi ce christianisme si merveilleux veut abolir en nous la nature !... Qu'aujourd'hui je comprends bien pourquoi il fut la religion de la dou- leur en même temps que de l'amour, pourquoi la très-sainte Église prêche toujours la pénitence ! Oh! gloire à toi, qui as mis la liberté dans nos veines!