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428                   LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.

et dont le zèle et l'activité concoururent puissamment à faire
échouer la conspiration. Ce mililaire a rapporté que le 10
juin 1816, peu d'instants avant de monter sur l'échafaud,
Didier l'entretint avec une tardive reconnaissance des bien-
faits qu'il avait reçus de Louis XVIII, et que, sous le sceau
du profond repentir dont il paraissait pénétré, il lui déclara
que « le plus grand ennemi du roi était dans sa propre fa-
mille. » Ces paroles furent, selon le vœu du condamné lui-
môme, religieusement consignées par le général dans une
dépêche particulière qu'il adressa immédiatement au roi (1).
    Si, de ces témoignages, on rapproche le souvenir des rap-
 ports antérieurs et récents de Didier avec le duc d'Orléans et
 de sa répulsion notoire pour le régime impérial ; si l'on re-
 marque que la plupart de ses complices ont été pensionnés (2)
 et ses enfants appelés à de hautes fonctions publiques par le
 gouvernement de juillet ; que M. Decazes, dont toute la
 conduite dans cette affaire est demeurée si suspecte (3), n'a
 cessé durant le règne de Louis-Philippe d'être l'objet des
 prédilections royales : on est amené à conclure que le duc
 d'Orléans fut le véritable mobile et le but final de l'entreprise
 de 1816, conclusion qui, sans impliquer nécessairement la
 complicité directe de ce prince, autorise du moins à présumer
 qu'il connaissait l'existence du complot, et qu'en cas de réus-
 site, il n'eût pas refusé d'en recueillir les fruits. Cette opinion,


   (1) La vieille Europe des rois et des peuples, ouvrage condamné.
   (2) Voyez la liste nominative de_ ces individus dans l'Histoire de la Conspi-
ration dé 1816, par M. Auguste Ducoin ; Paris, 18-44, p. 313 et suivantes.
   Le lieutenant des douanes, Julien, suspendu pour sa conduite équivoque
lors du complot de Didier, entra dans la maison du duc d'Orléans peu de
temps après sa disgrâce. Lors de la Révolution de juillet, cet officier fut replacé
avec avancement dans son administration.
   (2) L'excellente monographie historique de M. Ducoin contient à ce sujet
 des particularités fort curieuses et du plus haut intérêt.