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                     LOUIS-PHILIPPE DORLÉAS.                            453

 Ma vie de famille est si douce, nos goûts sont si simples,
qu'en conscience je dois croire que ma famille et moi, nous
ne sommes pas faits pour la royauté. Je l'accepterai comme
un devoir et non comme un plaisir. Et puis, faut-il vous
l'avouer, j'ai toujours conservé au fond de mon cœur un
vieux sentiment républicain dont je sens que je ne me sépa-
rerai jamais. (1) »
    M. Laflïtte donna lecture de la proclamation des députés,
puis, s'approchant du prince : « Monseigneur, lui dit-il tout
bas avec un enjoûment quelque peu vulgaire, ce que je tiens
à ma main est bien beau : c'est une couronne !.... Je ne vous
dirai pas que c'est un sans-culottes qui vous l'offre (une de
ses jambes malade était demi-nue), mais pourtant cela y
ressemble un peu. »
    Le cortège, accompagné d'un grand nombre de gardes na-
 tionaux et de citoyens, se mit en marche aux cris de
 Vive la Charte ! Vive le duc d'Orléans ! Le prince répondait
obséquieusement à ces démonstrations populaires. A l'appro-
che de l'Hôtel-de-VilIe, les cris de Vive la liberté ! A bas les
Bourbons] commencèrent à se faire entendre ; les disposi-
tions de la multitude devinrent mornes et presque mena-
çantes. On assure que le duc d'Orléans n'échappa que par
hasard à d'homicides complots (2). Ces dispositions justifiaient
assez le parti qu'il avait courageusement adopté de venir de-
mander au peuple la sanction de ses pouvoirs. En montant
l'escalier de l'Hôlel-de-Ville, il dit à ceux qui en garnissaient
les degrés : « Messieurs, c'est un ancien garde national qui
vient rendre visite à son ancien général. » La Fayette reçut
le prince avec sa politesse accoutumée, mais les cris de : Plus
de Bourbons ! Vive La Fayette ! éclatèrent sur plusieurs points


  (1) Souvenirs historiques sur la Révolution de 1830, par S. Bérard.
  (2) Mémorial de l'Hôtel-de-Ville, par Hippolyle Bonncllier, 1855.