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LYON D'APRÈS LE JOURNAL L'ILLUSTRATION. 101 modeste chandelle, à l'huile épurée, à la lampe mélanco- lique, au réverbère baltu par le vent. Toutes vos rues , dé- sertes et obscures à dix heures du soir, ont les parfums de la rue Lanterne. Les brouillards vous enveloppent neuf mois de l'année. Yos plus célèbres restaurants sont des bouges, vos hôtels de pauvres posadas espagnoles, et vos cafés des taver- nes anglaises. Vos maisons, ce sont des blocs gigantesques , oVune pierre dont la dureté égale celle du granit, qui n'ont pas eu de jeunesse, sont toutes centenaires et semblent toutes appelées à la pérennéilé d'un monument égyptien ; elles attei- gnent pour la plupart à des hauteurs babéliennes. Le terme moyen de leur crue varie de sept à huit étages, et nombre de ces pyramides en comptent dix ou même douze. Voilà de ces choses qu'on ne saurait trop répéter, car cela peut donner une plus-value aux immeubles de ces pauvres négociants dont toute la joie consiste à acheter quelque maison de campagne dans les environs de la ville pour y aller le dimanche passer palriarchalement le jour du Seigneur en famille. Vous pensiez avoir des trottoirs dans toute la ville et le long de vos quais ; erreur ! c'est à peine si Vasphalte a visité quelques places publiques, et même on a vu poindre ça et là quelques rudiments de trottoirs. Enfant de Lyon, de cette ville de charité et de prière, qui se ressouvient toujours de sa chrétienne origine, vous avez peut-être conservé au fond de votre cœur pieux quelque vé- nération pour vos vieilles églises, foyers de vos premières im- pressions. Vous aimez encore à pénétrer sous les nefs em- preintes de tant de religiosité de votre cathédrale de Saint- Jean, si imposante par son histoire et par son architecture romano-gothique, où le culte se déploie avec tant de pompe et où la liturgie a gardé ses formes austères et primitives. Vous vous arrêtez encore devant cette église de Saint-Nizier, dont les catacombes ont reçu nos premiers chrétiens, nos pre-