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                     DE LA VILLE DE LYON.                            361

la belle fabrique de lustres d'églises et de candélabres gothi-
ques de M. Becqx, la sculpture monumentale exécutée avec
tant de verve, la plastique lyonnaise, etc.? — L'orfèvrerie de
Lyon est certainement la plus remarquable qui existe aujour-
d'hui pour les grandes choses, et même pour les petites
comme baisers de paix (1).
   La grave liturgie lyonnaise est la seule gloire que nous
ayions vu pâlir depuis quelques années, dans cette auguste
cité, sous l'influence de la musicomanie et de l'esprit d'inno-
vation. Pour entendre aujourd'hui le chant liturgique dans
toute sa majestueuse simplicité, dans le temple qui, jusqu'à
l'avènement au siège archiépiscopal de S. E. M. le Cardinal
de Bonald, avait conservé, avec le plus de religieux respect,
l'esprit dogmatique traditionnel, à la basilique primaliale de
Saint-Jean-Baptiste, il faut assister à la simple messe cano-
niale des jours d'Å“uvre, et fuir la messe solennelle du di-
manche et surtout des grandes fêtes.
   Ce qui manque, en général, à nos grands édifices lyon-
nais, c'est la couleur, c'est l'ineffable beauté de la nuance et
du ton. Point de ces lignes d'or ou de pourpre qui concourent
si puissamment au charme oculaire des perspectives monu-
mentales. La pierre safranique et de teinte toute arlésienne
de Couzon, si semblable au traverlino romain, la pierre de
Choin, si analogue au bigio de Florence, la donneraient
magnifique cette couleur que nous demandons en vain à nos
édifices lyonnais, mais les épaisses vapeurs de la houille,
l'humide haleine des brouillards qui s'exhalent pendant trois
mois de l'année de la douce rivière et du fleuve majestueux
enchaînés aux rivages lyonnais, déposent vite sur le moellon
comme sur la molécule, une noire et triste patine plus digne


   (t) Je ne sais si le nouveau baiser de paix de Saint-Jean est une Å“uvre
d'orfèvrerie lyonnaise, mais il est d'un goût exquis.