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LA TENTATION. 301 VIII. Nul ne veut de ton joug que le Christ a porté Et chacun te blasphème, ô sainte pauvreté ! Le sage même épris des luttes qu'il surmonte, T'appelle une douleur et le riche une honte. Eh bien ! moi je te nomme un vrai présent du ciel : Non, la haine en ton sein ne cuve pas son fiel, 0 mère des grands cœurs, nourrice aux flancs robustes, Dieu te donne à former les voyants et les justes, Et tu leur fais goûter, dans l'ombre où tu te plais, Ces fortes voluptés qui n'énervent jamais. Salut, rustiques murs qu'on revoit avec larmes, Où pendent des aïeux les outils et les armes ! Pain noir que la fatigue a rendu savoureux, Et que tes fils gaîment se partagent entr'eux ! Compagne du travail jusqu'à l'aube prochaine, Lampe de fer veillant sur la table de chêne ! Simple vase de terre où reste frais longtemps Le rameau de lilas, premier don du printemps ! Livres jaunis rangés en ordre sur la planche ! Antique cheminée où le soir on s'épanche, Place où le fils rassure, en lui prenant la main, La mère, hélas, qui songe au pain du lendemain ! Ah ! souvent quels festins apportés par les anges Entre l'homme et le ciel quels radieux échanges, Quel royaume inconnu des princes et des rois, L'esprit d'en haut nous fait entre ces murs étroits!