Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
261         LA MACHINE A VAPEUR ET LE BERGER.

      Il faudra t'adorer , toi fille de l'enfer,
             Avec ta flamme et ta fumée
             Et ton sifflet de Lucifer !
             Quand je te trouve désarmée !
             Quand je puis dans un tour de main,
             T'anéantir sur ton chemin !
             —Ah ! j'ai pitié de ta folie ,
             Reprend la machine : ignorant,
             Petit rustre, pauvre manant !
             Insensé, va, je te défie.
             — Nous allons voir , dit le berger
             Qui brûle alors de se venger.—
             Sans perdre du temps, il ramasse
      Un caillou qu'à cheval sur les rubans il place.
      C'en est assez : la roue abandonne la trace :
             Le train déraille, et contre un roc
             La machine frappe ; et du choc,
             Tout se renverse , tout se casse.
      Le berger est vengé, le sot orgueil puni.
             Beaucoup diront : c'est pain bénit.



      De ce récit tirons l'enseignement qu'il donne :
      J'y vois, comme il n'est point de petit ennemi,
             Qu'il faut ne défier personne ;
             Il nous fait souvenir aussi
             Que toute puissance est fragile ;
      Qu'un colosse souvent n'a que des pieds d'argile.