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FABLE. 265 LE BRIN D'HERBE. A ma petite fille Hortense Revol. Sous la rosée et le zéphir, Un brin d'herbe avait pris naissance , H croissait avec l'espérance De se voir un matin fleurir, Quand un homme, dans la prairie , Vint promener sa rêverie. Le gazon l'invite à s'asseoir. Il s'assied, se couche et sommeille ; Courbé par la brise du soir, Le brin effleure son oreille. Le dormeur en sursaut s'éveille. Qu'arrive-t-il? à quel propos , Ose-t-on troubler mon repos ? Dit-il d'un ton fier et superbe : Serait-ce toi, chétif brin d'herbe ? — Oui, je viens d'avoir ce malheur, Répond le brin plein de frayeur. Ma racine tient à la terre : Je n'ai pu m'éloigner. Excusez-moi; le vent, De cette insulte involontaire, Est plus que moi coupable. — Ah., petit insolent !