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 192                   BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
 des relations. Quelqu'un sait-il en quoi consistent la force, l'énergie, en elles-
 mêmes? Non ! il ne les affirme que parce qu'il en perçoit les manifestations;
il ne les distingue et définit comme causes que par les effets qu'elles produi-
sent. Le mouvement, les phénomènes que nous offrent les êtres organisés,
notre pensée et notre volonté, voilà les faits sur lesquels se basent les idées
de force, de vie, d'activité. Otez ces faits, ces idées elles-mêmes cessent d'a-
voir une valeur quelconque. Or, que fait la science absolue? Elle ne se con-
tente pas d'accepter ces notions telles qu'elles sont, c'est-à-dire ayant un
sens bien réel sans doute, mais seulement relatif. Elle ne se contente pas de
dire, avec la Révélation, que cette force et celte puissance que nous trou-
vons eu nous mêmes, Dieu la possède à un degré infini. Elle attribue à ces
mots une valeur absolue ; elle prétend leur donner un sens indépendant des
relations dont ils tirent leur signification ; puis elle applique ces notions ainsi
transfigurées aux objets dont il s'agit de pénétrer l'essence ; elle affirme, par
 exemple, que Dieu le père, c'est la vie, la force, la puissance, et voilà une
grande vérité conquise ! Mais, au bout du compte, quel est le résultat ob-
tenu? Quel pas avons-nous fait dans la découverte de l'absolu? Pas le moin-
dre. Nous nous sommes payés de mots. A. une idée nette et précise, nous
avons substitué une idée incompréhensible et indéfinissable, que nous avons
cru concevoir parce que nous lui avons laissé le nom de la première. Ce
nom, dépourvu de signification, nous l'avons attribué à la substance divine,
et c'est ainsi que nous avons pénétré dans l'essence de Dieu! Autant valait
nous en tenir à l'enseignement du catéchisme; au moins n'eussions-nous pas
commis l'erreur de prendre un des attributs de Dieu pour une des personnes
de la Trinilé.
    Ces réflexions peuvent s'appliquer à toutes les explications que les même»
 philosophes donnent sur la nature intime de Dieu, En voici un autre exemple.
 On suppose que l'intelligence divine est sujette aux conditions de l'intelligence
 humaine; et comme l'homme ne connaît les substances que par le.ur forme,
 c'est-à-dire par les relations extérieures par lesquelles elles se manifestent;
 on commence par admettre que Dieu aussi a besoin de se donner une forme
 pour se comprendre. El ainsi, quand nous ignorons même si la différence
 entre une substance ontologique et sa forme est essentielle, quand nous igno-
rons en quoi consiste réellement cette différence, même dans les êtres qu1
 nous sont directement accessibles, on s'imagine avoir découvert une grande
vérilé en prononçant que la seconde personne de la Trinilé est la forme de
Dieu, et en même temps son intelligence. Nous ne poursuivons pas plus loin
cette critique. Ces exemples suffisent pour démontrer la vanité de ces résul-
tats qui paraissent si prodigieux*