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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 193 L'ouvrage qui nous inspire ces réflexions est encore un des produits de celle malheureuse tendance. Nous regrettons d'autant plus que l'auteur soit entré dans cette voie, qu'une pensée nette,, un style facile, une grande clarté d'expressions, une exposition simple el logique, prouvent q u e , dans une autre direction, il aurait rendu de véritables services à la science. Tel qu'il est, son travail nous paraît complètement stérile. L'auleur, en effet, n'a donné qu'une nouvelle variante du thème déjà éla- boré par la philosophie allemaude, et, chez nous, par M. de Lamennais. Il a suivi ce dernier dans toutes ses données générales, el ne s'en est éloigné qu'en quelques points particuliers, sauf en ce qui concerne la religion: M. Lacuria est sincèrement catholique. Mais, comme M. de Lamennais, il prend son point de départ dans la considération de l'être absolu, el accepte celle notion comme impliquant la somme de toutes les réalilés, en faisant ainsi la base de l'idée de Dieu. Par suite, tous les êtres contingents ne sont que des limitations de l'être absolu, et représentent, à un degré amoindri la nature divine ; ainsi la lumière, l'électricité el le calorique, les sections co- niques, e t c . , sont des expressions de la Trinité, e t c . , etc. L'idée du non-élre, infini comme l'être, joue un grand rôle dans le système de l'auteur. C'est par l'idée du non-élre q u e Dieu distingue et reconnaît son être. L'être donne l ' u n i t é ; le non-être, le nombre deux. Des différentes combinaisons entre l'être et le non-être, naissent tous les êtres particuliers, et les lois nécessaires auxquelles ces combinaisons sont sujettes sont expri- mées par les nombres significatifs, tels que S, 4 , 7 , qui se retrouvent dans tous les grands faits de l'ordre physique et moral. Nous ne prétendons pas, en ces quelques mois, donner l'analyse du livre de M. Lacuria. Ils suffisent cependant pour faire voir à quel point de vue l'auteur s'est placé ; el comme il poursuit les développements de son idée avec une grande rigueur logique, on peut juger, par le principe général, de la manière dont il a traité les points de détail. Ce principe nous paraît dou- blement faux ; d'abord, à cause du but dont ii émane, de la science absolue à laquelle il prétend nous conduire. Sous ce rapport, toutes les réflexions que nous avons rmises plus haut lui sont applicables, et il serait facile de faire voir que ces idées d'être et de non-être par lesquelles on prétend tout expliquer ne nous en apprennent pas davantage sur le fond des choses que celles que nous avons prise» pour exemple; et que la formule : Dieu est ce qui est, entendue dans le sens que lui donne l'auleur, au lieu de nous faire pénétrer plus avant dans la nature divine, ne fait qu'obscurcira la fois et la notion de Dieu que nous donne le catéchisme, et la noîion de l'être que nous fournit le bon sens. En second lieu, nous croyons ce principe faux, parce que 15